Chicoutimi – Le Québec traverse présentement un tournant de son histoire. Les dirigeants doivent revaloriser l’activité physique sinon le prix à payer dans 50 ans sera très coûteux.
Selon Claude Lajoie, plusieurs adultes ne possèdent pas des patrons moteurs de base. Au cours de la conversation, il annonce qu’une bonne partie de la population ne sait pas courir. Il se base sur les tests physiques que les étudiants en éducation physique effectuent au début de l’année scolaire et, à chaque année, plusieurs courent de la mauvaise façon.
« Beaucoup de jeunes n’aiment pas mettre les shorts, c’est peut-être parce qu’ils ne les mettent pas assez souvent, constate Claude Lajoie. Dans 50 ans, ça va nous péter dans la face et d’aplomb. Il faut que les choses bougent. Il ne faut pas seulement accuser les écoles mais également s’interroger sur le rôle des parents. »
Pour sortir le Québec de sa paresse, Claude Lajoie croit que les directions scolaires devront regarder de nouveaux sports à l’intérieur des cours d’éducation physique pour inciter les jeunes à bouger. Il donne en exemple la planche à roulettes qui ne cesse de gagner en popularité mais dont les établissements scolaires refusent de permettre pour des raisons de sécurité. Claude Lajoie cite une étude réalisée par deux chercheurs à l’Université Michigan State, Martha Ewing et Van Seefeldt qui ont interrogé 26 000 jeunes âgés de 10 à 18 ans pour laquelle ces derniers font du sport. L’étude a révélé que le plaisir représente la principale raison qui les motive à faire de l’activité physique. La victoire se retrouve quant à elle au 10e rang.
« Il y a moyen d’être innovateur sans tout changer les structures en place », affirme Claude Lajoie qui développe présentement le projet d’une clinique de kynésiologie spécialisée dans la gestion du poids corporel en compagnie de sa collègue Patricia Blackburn.
Entraîneurs et professeurs doivent faire équipe
Chicoutimi – Les entraîneurs et les chercheurs auraient intérêt à travailler main dans la main afin d’optimiser les performances des athlètes !
Nouveau professeur au programme d’études en sciences de l’activité physique et de la santé à l’UQAC, Claude Lajoie croit que les deux clans gagneraient au change avec une collaboration plus étroite.
Claude Lajoie possède une feuille de route pour le moins particulière. Propriétaire d’un magasin de vélos il a décidé, à l’âge de 27 ans, d’aller faire un baccalauréat à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Il a, par la suite, décidé de poursuivre à la maîtrise et au doctorat à l’Université de Montréal. Faute de temps, il a dû se résigner à vendre son magasin. Il a spécialisé ses recherches sur la physiologie cardio-vasculaire et les effets protecteurs de l’activité physique sur les animaux diabétiques de type 2.
Il a même reçu une invitation pour réaliser un post doctorat à l’Université de l’Utah, à Salt Lake City, en 2003 mais a refusé à la dernière minute pour accepter un poste de professeur à l’Université Laurentienne de Sudbury. Il avoue qu’il n’a jamais regretté son choix de quitter le milieu des affaires pour se consacrer à la recherche.
« La vente, ça devient redondant à la longue. J’avais le goût d’aller voir ailleurs. La recherche me pousse à aller au devant des choses », raconte le professeur originaire de Nicolet.
Collaboration
Tout au long de son parcours universitaire, Claude Lajoie a travaillé souvent avec les entraîneurs et il s’est vite rendu compte que les deux parties entretenaient des préjugés. Selon lui, les entraîneurs refusent souvent de divulguer leurs secrets aux chercheurs.
« Il manque de communication. S’il le faut, je suis prêt à faire le pont entre les deux groupes. Les entraîneurs ont peur de lire des papiers scientifiques car ils ne possèdent pas le bagage de connaissances nécessaires. De leur côté, les scientifiques n’essaient pas de communiquer leurs recherches dans un langage plus familier », déplore-t-il.
« Les entraîneurs veulent garder pour eux les recettes gagnantes et les scientifiques désirent diffuser l’information. Ce n’est pas parce qu’on a une manière de fonctionner qu’il faut s’empêcher d’aller voir ailleurs. Plus tu connais tes forces et faiblesses, plus tu réalises de bons résultats », ajoute-t-il.
Centralisation
D’entrée de jeu, Claude Lajoie avoue être contre la centralisation des ressources sportives dans les grands centres. Il signale que les régions ont également besoin des outils pour développer des athlètes de haute performance. Il donne en exemple le cas de l’Australie qui, malgré sa population trois fois plus petite que celle du Canada, fait beaucoup mieux sur la scène internationale. Il mentionne également que les outils mis à la disposition des athlètes servent à la population en général.
« Il faut travailler à garder nos athlètes dans les régions. Ce sont des modèles pour les jeunes. Tu sèmes une graine qui va donner des résultats plus tard », illustre-t-il. En Australie, ils ont décentralisé leurs sites d’entraînement. On aurait intérêt à regarder ce qui se fait dans d’autres pays.
Pour lui, les sites d’entraînement peuvent également servir à la population. Il donne en exemple les Jeux olympiques de Montréal qui ont laissé un héritage incontestable aux Montréalais.
Un texte de Dave Ainsley