Chicoutimi – L’écotourisme se retrouve présentement à la croisée des chemins. Pour être en mesure de faire une réelle concurrence au tourisme traditionnel, son développement devra se faire en collaboration avec les communautés locales.
C’est l’avis de Christiane Gagnon, professeure-chercheure au département des Sciences humaines depuis le début des années 1990 et responsable de l’axe de développement durable du Centre de recherche et de développement territorial (CRDT). Cette dernière a supervisé la rédaction du collectif « L’écotourisme, entre l’arbre et l’écorce : de la conservation au développement viable des territoires », en compagnie de son collègue de l’Université du Québec en Outaouais (UQO), Serge Gagnon.
Pour Christiane Gagnon, le tourisme représentera l’industrie par excellence du 21e siècle. Son constat est très clair : « L’écotourisme devra revoir ses façons de faire afin de représenter une véritable alternative au tourisme traditionnel de masse. Tout le monde devra user de patience dans ce processus qui nécessitera une prise de conscience des acteurs et ne se fera pas du jour au lendemain. »
« Le développement de l’écotourisme doit se faire dans le respect des cultures locales et de l’environnement, ce qui suppose un changement. Le danger est que l’écotourisme devienne un tourisme d’élite », avertit-elle.
Le Saguenay–Lac-Saint-Jean représente un lieu privilégié de l’écotourisme avec le Parc marin Saguenay–Saint-Laurent. Christiane Gagnon admet cependant que l’industrie écotouristique connaît présentement des ratés.
« Le terme devient galvaudé. Il ne faudrait pas que l’écotourisme serve à toutes les sauces », espère Christiane Gagnon.
Dilemme
Le livre dirigé par Christiane Gagnon et Serge Gagnon (aucun lien de parenté) porte très bien son nom. L’écotourisme se retrouve au beau milieu d’un dilemme de conservation du territoire et de la recherche du profit. Selon Christiane Gagnon, l’écotourisme représente un mode de vie et non simplement une affaire de marché.
« La popularité irait à l’encontre de la protection. Les communautés locales servent de gardes pour ces lieux. Ils ne sont pas nécessairement préparés à recevoir un grand nombre de visiteurs », explique Christiane Gagnon.
Livre
L’ouvrage sous la direction de Christiane Gagnon et Serge Gagnon a été réalisé à la suite du congrès de l’Association Francophone pour le Savoir (ACFAS) qui se déroulait à l’UQAC en 2004. Christiane Gagnon raconte que le livre a vu le jour de façon miraculeuse à l’automne.
La professeure débute par définir le terme d’écotourisme. Il s’agit d’un tourisme qui contribue activement à la protection du patrimoine culturel et qui contribue à permettre aux communautés locales de se développer. La démarche doit se faire à trois niveaux.
L’écotouriste, les communautés d’accueil ainsi que le promoteur doivent se trouver sur la même longueur d’onde. Les communautés locales doivent être bien intégrées dans le projet.
« Tout le monde doit agir comme associé dans cette activité. Il n’y a pas de solution miracle. Chacun doit faire sa part », signale Christiane Gagnon qui ajoute que les mêmes problématiques se répercutent à l’échelle planétaire.
Un texte de Dave Ainsley