Chronique

Étienne Hébert s’intéresse aux entraîneurs

Étienne Hébert veut déterminer quel type d'entraîneur permet aux jeunes athlètes de mieux s'épanouir. (Photo Rocket Lavoie)
Quel type d’entraîneur faut-il pour permettre aux jeunes athlètes de mieux s’épanouir, c’est ce que tentera de déterminer Étienne Hébert, chercheur à l’UQAC, au cours des trois prochaines années. M. Hébert est un psychologue en personnalité et un entraîneur de football qui s’intéresse à la personnalité et au type de passion que doit posséder un entraîneur sportif pour motiver au maximum ses athlètes.

« La passion de l’entraîneur, c’est le grand intérêt qu’il a envers son sport et ce qui le pousse a y consacrer beaucoup de temps et d’énergie. Chez les entraîneurs, nous remarquons deux types de passion et nous voulons vérifier l’impact de chacun de ces types », explique M. Hébert.

Le premier type est la passion obsessive. « C’est une passion très prenante et envahissante dans laquelle l’individu éprouve beaucoup d’inconfort lorsqu’il n’est pas impliqué dans son sport. La personne qui vit ce genre de sentiment accorde une importance primordiale à son sport », précise M. Hébert. À l’opposé, il y a la passion harmonieuse. Cette passion contribue au sentiment de bienêtre. « C’est une passion qui s’intègre harmonieusement à la vie de la personne et celle-ci se sent parfaitement bien même si elle ne peut pratiquer son activité », souligne Étienne Hébert.

Grâce à ses recherches, le chercheur pourra déterminer quel est l’impact de l’instructeur sur le plaisir qu’a un jeune à faire du sport et son désir de continuer. Il pourra ainsi développer des interventions qui valorisent l’engagement dans le sport. « Plusieurs jeunes quittent leur équipe sportive en raison d’une mauvaise relation avec leur mentor », assure M. Hébert.

Question préoccupante

Au Canada, la situation de santé des jeunes et leur désintéressement pour le sport est une préoccupation importante. Plusieurs chercheurs veulent déterminer pourquoi les jeunes font de moins en moins d’activités physiques. Plusieurs variables ont été étudiées, notamment les parents, les jeux vidéo, le milieu socio-économique mais très peu se sont penchés sur l’impact de l’entraîneur. « L’entraîneur est une autre variable dont il faudrait peut-être tenir compte. Plusieurs jeunes arrêtent de faire du sport parce qu’ils ont une mauvaise relation avec leur entraîneur », expose M. Hébert.

La recherche

Pour le besoin de ses recherches, le chercheur évaluera tout d’abord la passion, la personnalité et l’identité athlétique d’une centaine d’entraîneurs de basket-ball et de football de niveau juvénile AA et AAA de la région. Ensuite, il se penchera sur la passion et la motivation d’environ 190 jeunes sportifs ainsi que la perception qu’ils ont de leur relation avec leur entraîneur. Finalement, il rencontrera 20 entraîneurs de chaque type de passion pour comprendre la nature et les origines de leur passion.

Un sujet tabou

La psychologie sportive est peu développée au Québec comparativement aux États-Unis. « Ici, les entraîneurs ont deux attitudes. Il y a ceux qui ont très peur et ceux qui sont fort conscients que la psychologie a un impact sur la performance de leurs athlètes. Par contre, il faut y aller doucement et prendre le temps », relate M. Hébert.

M. Hébert affirme qu’il faut encadrer les instructeurs et les conscientiser. « Actuellement, n’importe qui peut devenir entraîneur au Canada. Il y a une grosse lacune dans la formation des entraîneurs et au niveau des valeurs qu’ils devraient véhiculer aux jeunes », déplore Étienne Hébert. Au terme de ses recherches en 2010, le chercheur songe à utiliser les résultats pour guider les entraîneurs dans leurs actions. .

Un texte de Catherine Bergeron
cbergeron@lequotidien.com