L’Université du Québec à Chicoutimi est le seul endroit au monde où sont certifiés les produits antigivre pour les avions. Chaque année, le laboratoire international des matériaux antigivre (LIMA) reçoit une trentaine de fluides dégivrants provenant de manufacturiers localisés un peu partout autour du globe.
La Russie, la Chine, l’Allemagne, l’Angleterre, les États-Unis et le Canada sont les principaux pays qui utilisent les services du LIMA de Chicoutimi. « Nous avons développé une expertise unique sur le givrage et le dégivrage des ailes, nous sommes le seul laboratoire à pouvoir homologuer les fluides. Pour utiliser leur liquide antigivre dans les différents aéroports du monde, les manufacturiers doivent avoir un certificat provenant de notre laboratoire », affirme Jean Perron, professeur à l’UQAC et directeur du laboratoire international des matériaux antigivre (LIMA).
Dans le laboratoire
Une visite au laboratoire permet de constater que le LIMA opère une infrastructure unique. Dans cette vaste pièce, où travaillent une vingtaine de spécialistes, se trouve une soufflerie. « La soufflerie permet de simuler le décollage d’un avion dans un environnement aérodynamique parfaitement maîtrisé », précise M. Perron. Trois tests sont effectués. Le premier consiste à vérifier la capacité du fluide à éliminer le givre sur les ailes d’un aéronef. Le second test permet de vérifier l’endurance du fluide, afin de s’assurer qu’il ne givrera pas lui aussi. Finalement, la stabilité du produit est le dernier élément que les chercheurs analysent.
« Chaque manufacturier doit faire vérifier les caractéristiques de son produit. Le fluide est un liquide principalement composé d’eau, de glycol et d’un ingrédient secret dont aucun fabricant ne dévoilera la nature », souligne le directeur du LIMA.
Une expertise saguenéenne
L’expertise du laboratoire international des matériaux antigivre s’est développée grâce à des recherches effectuées au début des années 1990 par Jean-Louis Laforte. M. Laforte s’est intéressé aux produits antigivre et plus particulièrement aux pluies verglaçantes qui causent bien des problèmes dans le domaine de l’aviation. Ses travaux ont pris une telle ampleur qu’ils ont mené à la création du LIMA. Au fil des années, les chercheurs ont développé une expertise reconnue par les associations internationales d’homologation et la communauté mondiale dont la Federal Aviation Administration des Etats-Unis ainsi que Transports Canada.
Autres projets
Les chercheurs du LIMA ne font pas qu’homologuer les fluides, ils étudient et évaluent également les matériaux dégivrants et antigivre développés pour les besoins de l’aéronautique et des producteurs d’énergie. « Présentement, nous travaillons en collaboration avec L’École de technologie supérieure et l’Université du Québec à Rimouski sur le déglaçage des pales d’éoliennes en condition givrante. L’énergie éolienne est de plus en plus populaire et nous désirons trouver une manière de l’adapter au climat canadien », raconte M. Perron. Par contre, les chercheurs ne veulent pas nécessairement dégivrer les pales des éoliennes mais plutôt les revêtir de matériaux antigivre. « En réalité, nous étudions des techniques de chauffage ou encore de revêtement puisque les écarts de température sont sévères dans le grand nord canadien », précise Jean Perron.
Plusieurs autres projets de recherche sont en cours notamment une étude portant sur le dégivrage en vol des pales d’hélicoptère, la génération de neige artificielle ainsi que la recherche de nouveaux produits susceptibles de diminuer l’adhérence de la glace. Les chercheurs du LIMA ne chôment pas!
Un texte de Catherine Bergeron
courriel : cbergeron@lequotidien.com