CHICOUTIMI – Au Québec, plus de 500,000 personnes ont eu droit à un réajustement et un rattrapage de leur salaire depuis l’arrivée de la loi sur l’équité salariale. Mais cette nouvelle norme instaurée par l’État a-t-elle eu des répercussions sur les relations entre les employeurs, les syndicats et les employés? Voilà ce que tentera de déterminer Yves Hallée, professeur au Département des sciences économiques et administratives à l’UQAC.
Lorsque la loi sur l’équité salariale est entrée en vigueur le 21 novembre 1997, Yves Hallée s’est questionné sur l’ampleur des changements que cette loi allait avoir sur les relations de travail. Le chercheur veut maintenant vérifier comment les dirigeants d’entreprises et les syndicats ont négocié le règlement de l’équité salariale. « Je veux voir si cela a été négocié ou encore tout simplement entendu entre les parties », raconte M. Hallée.
Une amélioration
M. Hallée avance l’hypothèse que la loi sur l’équité aurait amélioré les relations de travail. « Je pense que les gens sont maintenant plus solidaires et davantage préoccupés par la justice et l’équité », raconte le chercheur. En effet, dans un rapport rendu public à l’automne, la Commission de l’équité salariale a fait état de plusieurs améliorations dans les relations de travail occasionnées par la nouvelle norme. « Nous avons fait un bilan d’application et nous avons constaté que 43 % des entreprises du secteur privé ont eu des retombées positives », affirme Johanne Tremblay, responsable des communications à la Commission. D’ailleurs, les employeurs ont remarqué : un meilleur climat de travail et également une amélioration au niveau des relations de travail et de la productivité.
Quelques embûches
Pour mener à bien ses recherches, Yves Hallée va questionner les employeurs et les syndicats sur leur comportement pendant le règlement de l’équité salariale. « À l’aide de questionnaires, je vais interroger les gens. Je vais surtout me concentrer sur les entreprises de plus de 100 employés et je vais essayer de diversifier mon échantillon de manière à pouvoir généraliser les résultats », précise M. Hallée. Toutefois, il n’est pas si facile de pénétrer à l’intérieur des entreprises privées pour réaliser ce genre de recherche. « Je vais travailler en collaboration avec des groupes de recherche, le ministère du Travail et plusieurs de mes contacts », avance M. Hallée.
Écart
Bien que la mise en application de l’équité salariale ait rétabli certaines injustices, il existe encore un écart salarial de 13,9 % entre le salaire des emplois à prédominance masculine et féminine. « Lorsque nous avons débuté les travaux concernant l’équité, l’écart était de 16,1 %. Cela s’est grandement amélioré mais il y a encore un écart », déplore Mme Tremblay.
Cette différence de rémunération entre les emplois est de nature historique. « Avant, le salaire des femmes était considéré comme un salaire d’appoint. De plus, les fonctions occupées par celles-ci étaient perçues comme un prolongement de leurs tâches à la maison et les employeurs croyaient que cela ne nécessitait pas de formation. Il s’agissait de compétences innées », explique M. Hallée. Le chercheur ajoute que c’est toute la perception du travail des femmes qui a dû être modifiée.
FAITS SAILLANTS
- En 1976, la Charte des droits et libertés de la personne interdit la discrimination salariale fondée sur le sexe de l’employé.
- La loi sur l’équité est entrée en vigueur le 21 novembre 1997.
- Les employeurs avaient jusqu’en novembre 2005 pour rétablir l’équilibre.
- Aujourd’hui, un homme gagne 13,9 % plus cher que son homologue féminin alors qu’il y a 13 ans, le salaire moyen des femmes représentait seulement 70 % du salaire moyen de l’homme.
- Le salaire annuel moyen de la femme québécoise est de 28 400 $
- Les ajustements de l’équité salariale représentent environ 6.5 % du salaire.
- Plus de 500,000 personnes ont eu droit à un ajustement salarial.
Un texte de Catherine Bergeron
cbergeron@lequotidien.com