Chronique

Sylvain Hallé crée un filet de sécurité – Vérification automatique de systèmes

Professeur au Département d'informatique et de mathématique à l'UQAC, Sylvain Hallé a rencontré des chercheurs de la NASA qui travaillaient, comme lui, sur la vérification automatique de systèmes. (Photo Rocket Lavoie)
CHICOUTIMI – Professeur au Département d’informatique et de mathématique à l’UQAC, Sylvain Hallé crée, en compagnie de collègues de la Californie et de Montréal, un filet de sécurité afin de s’assurer qu’il sera impossible de « passer entre les mailles du filet. »

Mais de quel filet s’agit-il? « Du filet qui aurait pu empêcher un scandale comme celui d’ENRON », explique monsieur Hallé. Rappelons qu’en 2001, cette entreprise a fait faillite en raison de ses opérations frauduleuses masquées en bénéfices via des manipulations comptables.

Le nouveau professeur, qui a commencé à travailler à l’UQAC en janvier 2010, explique que ce qui rassemble ENRON à la NASA et à un système de vente de billets de spectacles sur Internet, c’est la communication entre deux entités.

« Les gens de la NASA doivent envoyer des commandes, du sol aux machines sur Mars, par exemple. Quand vous voulez acheter des billets, vous devez envoyer une commande au réseau. C’était la même chose pour ENRON alors que le système, qui gérait les opérations financières, envoyait de l’argent dans le mauvais compte. Ce que nous tentons de faire, c’est une sorte de police, un filet de sécurité qui pourrait augmenter la fiabilité des systèmes. »

Ce policier, représenté dans le schéma publié dans cette page, s’assurerait que le contrat accepté par les deux parties, soit respecté. « Il y a moyen de vérifier que le contrat soit respecté, que le message soit bien réalisé. Il n’y a pas encore de théorie mature qui existe dans ce domaine. Nous voulons mettre sur pied un truc général, qui fonctionnerait pour tous, et pas un truc unique qui ne fonctionne que pour une entreprise. Ça fait trois ans que nous travaillons là-dessus et ça prend forme. »

Parcours

Sylvain Hallé est titulaire d’un baccalauréat en mathématiques de l’Université Laval; d’une maîtrise en mathématiques et d’un doctorat en informatique de l’UQAM.

Il a fait son stage postdoctoral en Californie, à Santa Barbara, où il a rencontré des chercheurs de la NASA qui travaillaient, comme lui, sur la vérification automatique de systèmes.

« Pour l’instant, notre police prend encore trop de temps à agir. Il faut que sa performance soit plus grande. Je garde contact avec les gens de la NASA. Il est possible que des choses débouchent avec eux. »
D’ici là, Sylvain Hallé et ses acolytes doivent tenter de changer les mentalités du monde informatique.

« Ce n’est pas dans les habitudes des informaticiens de travailler avec des contrats comme nous tentons de formuler. Eux font test par-dessus test. »

Monsieur Hallé explique que si uniquement dix pour cent de tout ce qu’il a conçu sont utilisés par des firmes privées, il sera heureux.

« Mon but est de rendre cela facile à utiliser. Je crois sincèrement qu’à mesure que nous allons développer le système, de plus en plus d’entreprises voudront écrire ces contrats. Ce n’est, bien entendu, pas immédiat comme changement. »

Un prototype est déjà disponible sur lnternet, au www.beepbeep.sourceforge.net.

« Nous avons eu 250 téléchargements, ce qui est très bon. On verra de quelle manière ça va se développer éventuellement. »

Le Quotidien, 20 mars 2010
Un texte de Katerine Belley-Murray