Chronique

Comment expliquer l’attrait du rétro?Damien Hallegatte, professeur de marketing

Professeur de marketing à l'UQAC, Damien Hallegatte cherche présentement à monter des groupes de discussion qui lui permettraient de comprendre en quoi la musique rétro demeure actuelle et pertinente. (Photo Sylvain Dufour)
Les groupes rétro sont-ils vraiment différents de ceux d’aujourd’hui? Est-ce que les personnes qui assistent à un concert des Rolling Stones sont réellement des fans de ce groupe, ou souhaitent-elles plutôt pouvoir dire qu’elles ont vu ces légendes de la musique? Si Led Zeppelin revenait sans son chanteur Robert Plant, l’engouement serait-il le même?

Le professeur de marketing Damien Hallegatte, de l’UQAC, s’intéresse à la façon dont les gens consomment la musique. « Quand on regarde les statistiques, on s’aperçoit que parmi les dix artistes les mieux payés, il y a les Rolling Stones, les Eagles, Paul McCartney et Elton John. Ce sont des groupes de plus de 30 ans. Comment se fait-il que les vieux groupes aient toujours une place importante comme celle-là? Il y a un intérêt énorme, et ce, même auprès des plus jeunes. Il y a un engouement pour ce qui est plus ancien. »

Monsieur Hallegatte souligne que de nombreuses études ont prouvé, que la musique est le produit qui provoque le plus de nostalgie. Le professeur cherche présentement à monter des groupes de discussion qui lui permettraient de comprendre en quoi la musique rétro demeure actuelle et pertinente.

« Je veux des jeunes comme des moins jeunes, dans les groupes. Je veux savoir comment on peut être nostalgique d’une époque que l’on n’a pas vécue. Aujourd’hui, il y a une multitude de groupes. Avant, tu écoutais le groupe de ton époque. Si je parle maintenant des groupes qui m’allument, il est possible que mes amis ne les connaissent pas. Pourtant, l’une des idées d’écouter de la musique, c’est d’aller en parler à quelqu’un. Aujourd’hui, citer un ou deux groupes sur toutes les années 2000, c’est impossible. »

Damien Hallegatte pense que l’on peut expliquer « l’attrait rétro » de deux manières. « Il y a tout d’abord l’effet fin de siècle, qui fait que l’on a une propension à faire un bilan quand un siècle s’achève. C’est la même chose pour les décennies. La démographie a aussi un effet. Les baby boomers sont entrés dans un âge plus avancé. Ils regardent en arrière. Ils sont un important segment du marché. »

Rock Band

Le jeu vidéo, Rock Band, permet de simuler l’action d’un groupe rock en jouant les notes qui défilent à l’écran. Ainsi, les jeunes se rapprochent de la culture musicale de leurs parents.

« Plus de la moitié, des artistes sur ce jeu, étaient connus avant les années 1990. Ça rapproche les générations. Il serait inconcevable que, de nos jours, nous voyions un solo de batterie de 45 minutes. Pourtant, les jeunes trouvent ça bon, quand ils regardent les anciens spectacles. Il n’y a pas un groupe qui peut prétendre au même succès que ceux des Beatles ou des Rolling Stones, par exemple, parce que maintenant, c’est tellement fragmenté. Les jeunes consomment toute sorte de musique. Ce n’est pas mal. »

Les personnes qui souhaitent faire partie des groupes de discussion formés par Damien Hallegatte peuvent le joindre au 418 545-5011, poste 5233, ou par courriel à damien.hallegatte@uqac.ca.

Le Quotidien, 3 avril 2010
Un texte de Katerine Belley-Murray