Linda Paquette a eu une chance unique; revenir dans sa région afin d’y enseigner sa passion, la psychologie. Après s’être exilée dans la métropole afin de compléter son doctorat, la jeune femme est ravie de retrouver l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC).
L’université régionale, elle la connaît d’ailleurs très bien. Après avoir étudié en Arts et technologie des médias au Cégep de Jonquière, madame Paquette s’est inscrite en littérature à l’UQAC. Étrangement, c’est le domaine des communications qui l’a incité à développer son intérêt pour la psychologie.
« Je me posais beaucoup de questions sur les problèmes de la communication. De fil en aiguille, je me suis inscrite au baccalauréat en psychologie afin d’y trouver des réponses », explique-t-elle.
A-t-elle trouvé des réponses à ses questions? « Non, maintenant j’ai encore plus de questions. Mais c’est tant mieux, parce que c’est à la base de mon travail. Je ne ferais pas de recherche si je ne me posais pas de question. »
Pourquoi avoir choisi l’enseignement? La réponse est simple pour elle : la liberté académique. Lorsqu’elle était à Montréal, madame Paquette travaillait avec de jeunes contrevenants, dans un encadrement très serré. Elle ne bénéficiait que de très peu de marche de manoeuvre. Lorsqu’elle a été approchée pour occuper un emploi de professeure, elle a sauté sur l’occasion.
« Le travail d’une professeure est très diversifié. Environ 25 à 30 pour cent de la tâche consiste à l’enseignement. Il y a une grande part de rédaction d’articles scientifiques, de rencontres avec les étudiants, de demande de subvention et de recherche proprement dites. Cette diversité est très stimulante. »
Difficile de partir d’une université de grands centres à une université régionale? Au contraire, affirme Linda Paquette. « L’UQAC est une université de taille humaine, où il est possible d’être considéré de manière personnelle. Autant du côté des professeurs que du côté des étudiants. »
En effet, alors que les groupes d’étudiants excèdent les 150 personnes dans les grands centres, ils regroupent plutôt une cinquantaine d’étudiants, à l’UQAC. Un avantage indéniable, qui permet « un enseignement plus personnalisé » et un encadrement plus adéquat des étudiants. Sans parler de la disponibilité accrue des professeurs.
Petite anecdote qui illustre très bien cette personnalisation du service. « Alors que je travaillais pour la clinique de psychologie de l’Université de Montréal, obtenir un double de clef pour un local constituait un exercice laborieux qui pouvait prendre jusqu’à trois semaines. À l’UQAC, en à peine deux jours j’ai reçu un double », relate-t-elle, sourire aux lèvres.
À l’UQAC et pas ailleurs
Un des plus importants avantages dont bénéficie la chercheuse est de disposer d’un fonds de démarrage pour ses recherches. « Je ne connais aucun autre endroit où un jeune professeur pourrait bénéficier d’un fonds de recherche si rapidement. Généralement, on doit attendre d’avoir de l’expérience et ça peut être long. C’est une chance unique qui m’est offerte. »
L’UQAC est d’ailleurs allée chercher cette professeure en partie pour ses travaux de recherche. Le doctorat offert à l’UQAC forme des praticiens, pas des chercheurs. Le retour dans sa région de Linda Paquette est donc une corde de plus à l’arc du département de psychologie de l’UQAC.
De plus, la chercheuse bénéficie de la présence de « matière première », via le baccalauréat en plein air, alors que ses études portent sur la prise de risque chez ceux qui pratiquent la planche à neige et le ski alpin et la consommation de psychotropes.
« Je dois avouer que la présence du baccalauréat en plein air a beaucoup joué sur ma décision. C’est le seul endroit où l’on effectue des recherches sur le plein air thérapeutique. C’est une occasion en or pour moi. »
Retour aux sources
Linda Paquette est saguenéenne d’adoption. Elle est arrivée dans la région à l’âge de 7 ans et ne l’a quittée qu’à 26 ans pour compléter son doctorat en psychologie à l’Université de Montréal. Bien qu’elle ne soit à l’UQAC que depuis deux mois, elle souhaite y rester.
« Le climat qui règne à l’UQAC m’a séduite immédiatement. Je suis l’une des premières de ma promotion à être revenue ici pour enseigner et je ne le regrette pas. On ne peut jamais être certain de l’avenir, mais j’espère rester à l’UQAC. Si on m’en offrait l’occasion, je resterais. »
Malgré tout, madame Paquette a parfois des « crises de la métropole ». « Le multiculturalisme de Montréal me manque. Je m’ennuie de mes restaurants indiens. Sur le campus, c’est agréable puisqu’il y a une grande diversité culturelle, avec les étudiants internationaux. Par contre, ce n’est pas représentatif de la population régionale », déplore-t-elle. Mais ce n’est rien en comparaison avec le plaisir de se rapprocher de ses parents.
Le contact avec les gens est une autre facette régionale qu’elle a aimé retrouver. « Dans la rue, comme à l’UQAC, les gens sont disponibles et ont le contact facile. À Montréal, ce n’est pas toujours aussi évident de socialiser, même avec ses voisins. »
Madame Paquette insiste sur l’importance pour les jeunes de la région de considérer l’UQAC dans leur choix d’établissement d’enseignement car, comme le souligne Linda Paquette, « le contact initial avec l’UQAC donne envie d’y rester. »
Le Quotidien, samedi 18 septembre 2010, p. 12
Un texte de Jimmy Trottier