Actualités

« Comment la zostère s’est-elle répandue dans le monde? » : une nouvelle publication dans Nature pour l’UQAC

Une équipe de recherche internationale dirigée par GEOMAR, dont le professeur de l’UQAC Mathieu Cusson fait partie, reconstitue l’histoire de la colonisation mondiale de la plante marine la plus répandue. Les résultats, décrits dans une publication dévoilée en juillet dernier dans la revue scientifique Nature Plants, soulèvent la question suivante : dans quelle mesure la zostère s’adaptera-t-elle à notre nouveau climat, qui évolue rapidement?

Les herbes marines sont les seules plantes à fleurs marines entièrement submergées à avoir conquis les habitats côtiers du monde entier. La zostère marine a conquis l’hémisphère nord, couvrant des latitudes allant de 35°N à 70°N – des rivages chauds des côtes de l’océan Indien aux côtes gelées de l’Arctique. Un groupe international de chercheurs coordonné par le professeur Thorsten Reusch, biologiste marin au Centre GEOMAR Helmholtz pour la recherche océanique de Kiel, a reconstitué l’histoire de la colonisation de la zostère Zostera marina depuis son origine dans le nord-ouest de l’océan Pacifique, vers le Pacifique, l’Atlantique et enfin la Méditerranée. En outre, ils ont découvert une réduction de la diversité génétique, ce qui soulève des inquiétudes quant à la capacité de la zostère à s’adapter à aux changements climatiques actuels.

L’équipe du professeur Cusson travaille en étroite collaboration avec des chercheurs internationaux pour mieux comprendre les effets écologiques et écosystémiques des habitats d’herbiers marins depuis 12 ans. En tant qu’espèce fondatrice, la zostère fournit des habitats essentiels en eaux peu profondes pour divers organismes, augmente de beaucoup la biodiversité locale et fournit également de nombreux services écosystémiques, y compris l’absorption du carbone. Les herbiers marins ont récemment été reconnus comme l’une des principales contributions naturelles au stockage du carbone dans l’océan. Les sédiments situés sous les prairies d’herbiers marins peuvent séquestrer chaque année entre 30 et 50 fois plus de carbone que les racines des forêts terrestres. Malheureusement, la disparition continue des herbiers marins dans le monde entier, y compris des zostères, est extrêmement préoccupante. La position des sites québécois, étudiés par l’UQAC près de la péninsule de Manicouagan, a permis de faire le « pont » entre les sites de la côte ouest-américaine et ceux de l’Europe et de la méditerranée.

Référence : Yu, L., Khachaturyan, M., Matschiner, M. et al. (2023): Ocean current patterns drive the worldwide colonization of eelgrass (Zostera marina). Nature Plants, doi: https://doi.org/10.1038/s41477-023-01464-3

Photo : Mathieu Cusson