ESSAYISTE ET PROFESSEUR TITULAIRE DE LITTÉRATURE
À L’UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À CHICOUTIMI
Publications récentes
L’espace signifiant du texte. Métaphore paternelle et significations collatérales. Presses de l’Université de Montréal, 2025, 264 p.
Depuis plus de vingt ans, François Ouellet poursuit une réflexion sur la représentation littéraire du père. Pour lui, au-delà des différences de sensibilité et de style, toute œuvre reste indissociable d’un patriarcat historique qui, pendant très longtemps, et pour le meilleur et pour le pire, a structuré le monde moderne.
Le présent ouvrage propose une approche textualiste de cette question complexe, montrant comment elle s’articule dans l’imaginaire fictionnel d’un ensemble d’œuvres romanesques. C’est à l’intérieur de cet espace textuel du patriarcat que se donnent à lire ici des romans d’Émile Zola, Laure Conan, Rachilde, Paul Morand, Robert Charbonneau, René Barjavel, Gabrielle Poulin, Gilles Marcotte, Hervé Bouchard, Olivier Frébourg, Louis Hamelin et Hélène Lenoir. La rigueur et la clarté de la démonstration rendent cet ouvrage accessible à tous les passionnés de littérature, qui de celle-ci pourront approfondir leur compréhension, ses motifs et ses enjeux.
André Gide et l’autre sexe, sous la direction de Patrick Bergeron, Stéphanie Bertrand et François Ouellet, Classiques Garnier, 2024, 239 p.
Les études réunies s’attachent à étudier le regard qu’André Gide porte sur l’autre sexe, à la fois à partir de la vie personnelle de l’écrivain, de ses relations avec les femmes qui l’ont entouré ou qu’il a côtoyées, et à partir de son œuvre et de la manière dont il y représente les personnages et les corps féminins. Si ce questionnement relatif à la représentation de la femme et à son statut dans la société occupe une place aussi importante dans l’œuvre gidienne, c’est qu’il s’inscrit plus largement dans une réflexion sur l’identité sexuelle, déterminante dans l’œuvre d’un écrivain dont la vocation artistique est née du sentiment de n’être « pas pareil aux autres ».
Pierre Bost, André Chamson, Jean Prévost, Génération 1919. Dépositions d’écrivains en devenir, textes réunis, présentés et annotés par Emmanuel Bluteau et François Ouellet, éd. La Thébaïde, 2024.
Né aux alentours de 1900, Bost, Chamson et Prévost ont été lycéens en province. Venus à Paris pour leurs études supérieures, ils n’imaginent pas ce que l’année scolaire 1918-1919 va leur réserver. Alors que la Grande Guerre n’a de sens pour que par les journaux et les cartes, l’Histoire s’effectue sous leurs yeux avec la proclamation de l’Armistice et le début de l’après-guerre. Les trois étudiants deviennent ami à un moment où les plus folles espérances sont de mises.
Dix ans plus tard, chacun revient sur cette période charnière de leur vie alors qu’ils préparaient leur avenir en khâgne à Henri-IV ou à l’École des Chartes. Découvertes intellectuelles, goût de l’étude et apprentissage de la vie, le besoin de se retourner sur ce jeune passé s’exprime avec des textes à leur image. Bost en indifférent avec « Fabrice à Waterloo », Chamson en intellectuel avec « La Révolution 19 » et Prévost en témoin engagé avec « Dix-huitième année ». Cette coupure de 1919 aura été générationelle : ces souvenirs de jeunesse, témoignages ou mémoires précoces son autant de dépositions d’homme de lettres en devenir. Ils tiendront leurs promesses : écrivains précoces, journalistes talentueux, ils sauront dépasser leur pacifisme initiale pour résister brillamment lors de la guerre suivante et inscrire leur empreinte d’honnêtes hommes. Leur destinée ressemble à un serment de fidélité à leur jeunesse.
André Beucler, Vu d’Allemagne. Reportages 1931-1939, édition d’Emmanuel Bluteau et François Ouellet, éd. La Thébaïde, 2023, 432 p.
Quatre-vingt-dix ans après l’arrivée au pouvoir d’Hitler, André Beucler demeure un passeur essentiel. Il a informé ses lecteurs français de l’actualité d’outre-Rhin à la une de la presse à grand tirage. Ses reportages ont été lus, admirés, commentés : la classe politique ne les ignorait pas. Son honnêteté y est pour beaucoup.
Pour Pierre Bost, rédacteur en chef de Marianne : « C’est un trait essentiel du personnage ; il dit ce qu’il voit ; il sait voir ; il aime à voir juste ; et son écriture directe, drue, si riche en formules éclatantes, semble faite tout exprès pour ces récits de voyages, pittoresques comme des films et rigoureux comme des rapports. »
Ses articles ratissent large et en profondeur. En journaliste avisé, il explore la société allemande pour décrire les répercussions de l’arrivée des nazis en multipliant angles et interlocuteurs. Son talent de conteur contribue à dresser un panorama exhaustif de cette période cruciale.
Couleurs d’écriture. De Julien Blanc à Raymonde Vincent, sous la direction de François Ouellet, ÉUD, 2023, 201 p.
Croire que les écrivains oubliés ne présentent pas d’intérêt est une erreur commune qui fait l’impasse sur la complexité de ce appelle l’institution littéraire. Les vingt-cinq écrivains du XXe siècle présentés ici ont beaucoup à offrir. Certaines de leurs œuvres sont parfois rééditées, d’autres jamais. Quelques-uns ont joui d’une reconnaissance enviable en leur temps, d’autres ont suscité un intérêt confidentiel, quelques-uns sont passés à peu près inaperçus. Mais tous offrent autant de tracés d’écriture à explorer, de voies personnelles à découvrir, dont les différentes couleurs mettent au jour de passionnantes convergences.
Le Bazar imaginaire de Jacques Spitz, sous la direction de Patrick Guay, François Ouellet et Natasha Vas-Deyres, Presses Universitaires de Rennes, 2022, 238 p.
Si l’œuvre méconnue de Jacques Spitz (1896-1963) n’a jamais complètement sombré dans l’oubli, elle vaut pourtant par des qualités éminentes qui la destinent à une place de choix. En 2017, Patrick Guay publiait Jacques Spitz, le mythe de l’humain, somme de nouvelles connaissances sur l’œuvre de l’écrivain, qui en dégage des pistes de réflexion inspirantes et montre la place originale qu’elle occupe dans la littérature de l’entre-deux-guerres, et au-delà. Les études réunies dans Le Bazar imaginaire de Jacques Spitz prolongent ce travail, approfondissent divers aspects de la poétique de Spitz, convoquant certains des textes les moins connus de l’écrivain. Mise en scène du regard et théories optiques, connaissance du réel et métaphysique de l’amour, posture documentaire et vision du politique, intertextualité barrésienne et rimbaldienne sont autant d’aspects sondés par les contributeurs de cet ouvrage que complètent trois inédits substantiels de Spitz.
Nouvelle subvention de recherche CRSH (programme Savoir) (2018-2024)
« Histoire du roman des femmes en France. 1900-1945 » en coll. avec Patrick Bergeron
Globalement, ce programme de recherche vise à la découverte, à la réhabilitation et à la reconnaissance des romancières françaises de la première moitié du XXe siècle. Son principal objectif est de produire une histoire du roman des femmes en France entre 1900 et 1945. Ce programme relève d’une poétique de l’histoire littéraire, où le panorama global que l’on peut dresser de la production littéraire de l’époque (les principales orientations thématiques, la convergence ou l’appartenance à des mouvements littéraires, les démarches singulières, les relations intertextuelles et intratextuelles) s’accompagne d’enjeux narratifs et discursifs portant sur l’écriture.
Réédition de deux romans d’Emmanuel Bove à lire impérativement !
La coalition, roman de 1927 réédité aux éditions L’Arbre vengeur en mars 2017.
Louise Aftalion et son fils Nicolas reviennent à Paris. Veuve d’un perdant venu de loin pour échouer, mère d’un garçon sans vergogne qui ne la quitte pas et entretient ses dernières illusions, elle espère renouer avec sa famille et remédier à la gêne qu’elle sent poindre. Mais la faible compassion des uns conjuguée à l’insoutenable inconséquence du duo va vite contribuer à l’allègement dramatique de leurs finances.
Avec ce génie narratif que personne ne dispute à Emmanuel Bove, La Coalition nous raconte, précis et cruel, la lente descente aux enfers d’inadaptés qui sont persuadés que le monde entier leur en veut mais que le pire est pourtant impossible.
Œuvre vertigineuse qui happe le lecteur médusé par cet étrange rapport à l’argent, ce roman fascine, porté par cette voix unique qui laisse percer un rien d’ironie. L’auteur du mémorable Mes amis, conjurant ses démons en nous les exposant, y a mis le plus terrible de lui-même.
Un homme qui savait, roman de 1942 réédité aux éditions La Table ronde en octobre 2017.
Comédien ou malade, paumé ou escroc, qui est vraiment Maurice Lesca ? Il vit avec sa sœur Emily dans un petit appartement de la rue de Rivoli. Il a cinquante-sept ans, c’est un ancien médecin. Il est très pauvre. Il mène une vie larvaire, en apparence, mais on se trompe peut-être sur le compte de cet homme qui joue avec une sûreté magistrale de sa gaucherie, de son incapacité pitoyable. Maurice Lesca est un mystère.
Le monde tourmenté et cruel d’Emmanuel Bove n’est peut-être jamais mieux incarné que dans ce roman d’une perfection classique.
Lire le compte rendu de Patrick Guay dans le magazine Nuit Blanche.