La capsule temporelle, découverte sur le site du monument Price en 2023, fait l’objet d’analyses approfondies depuis maintenant plusieurs mois. Soutenu par MITACS, ce projet, qui a pris forme l’été dernier à travers une action concertée entre l’UQAC, les Coops de l’Information (le Quotidien) et la ville de Saguenay, arrive maintenant à son dénouement. Les vestiges historiques étudiés sont hautement significatifs d’un point de vue archéologique et historique, puisqu’il s’agit ici de traces créées de manière intentionnelle pour les générations futures.
Menée par la chercheuse postdoctorante du CELAT et professeure associée à l’UQAC Ségolène Vandevelde, sous la direction du professeur Erik Langevin, le projet vise plus spécifiquement à effectuer des analyses archéologiques et archéométriques sur le contenu d’un caisson en plomb, qui a été fortement dégradé par l’humidité, les intempéries et le passage du temps. Avec une présence d’oxydes de plomb toxiques sur tout le contenu du caisson, le projet nécessitait un travail particulièrement méticuleux et plusieurs précautions afin d’éviter de compromettre la santé des archéologues, tout en préservant l’intégrité des objets anciens.
Grâce aux analyses et recherches d’archives effectuées au cours des dernières semaines, Ségolène Vandevelde est parvenue à éclaircir une partie du mystère entourant cette capsule, même si une bonne partie des documents n’a malheureusement pas réussi à surmonter l’épreuve du temps. Des traces d’écritures ont pu être déchiffrées par imagerie hyperspectrale et par traitement d’image sur un bout de tissu, grâce à une collaboration avec l’Université de Sherbrooke et le Centre de géomatique du Québec à Chicoutimi (CGQ). De plus, une incursion dans les archives régionales de la Société historique du Saguenay a permis d’apporter plus d’éléments de contexte sur la création de ce dépôt commémoratif.
D’après les découvertes de la Dre Vandevelde, la capsule temporelle aurait été scellée le 19 juillet 1881 en l’honneur de William Price au moment de la construction du monument, et le texte écrit sur le tissu la veille de cet événement. Les archives ne mentionnent pas ce tissu, mais révèlent que la boîte de plomb aurait servi à abriter des listes de personnes ayant contribué aux frais de l’érection du monument, de membres du clergé de la province et de membres de la population de Chicoutimi. Elle contenait également des copies de journaux, des photographies des membres de la famille Price ainsi que des pièces de monnaies courantes de l’époque.

De tous ces éléments, les pièces de monnaie sont les mieux préservées. Plusieurs de ces monnaies sont dégradées, notamment les pièces majoritairement composées de cuivre, mais leurs faces ont pu être révélées par rayons X, avec la collaboration du CIUSSS de l’Estrie et de l’Université de Sherbrooke, permettant l’identification de la pièce et de l’année à laquelle elles ont été frappées. Une petite croix cousue à partir de rubans a également pu être identifiée au scanner, aujourd’hui prisonnière des restes des documents de papier, transformés en « papier maché ». Un parchemin plié en trois et non mentionné dans les archives était également présent, posé au-dessus des coupures de journaux, et sous les autres documents. Son contenu n’a malheureusement pas survécu au temps. Les recherches se poursuivront dans les mois à venir, notamment avec une analyse de microprélèvements des molécules de collagène afin d’identifier de quelle espèce animale provenait la peau qui a servi à confectionner le parchemin.
« Cette étude révèle surtout l’écart entre ce que les populations du passé ont voulu nous transmettre, et ce que nous recevons aujourd’hui. De plus, l’analyse matérielle de la capsule permet de comprendre le niveau d’investissement qui y a été mis, mais aussi dans quel ordre les objets ont été déposés, permettant de retracer les gestes d’individus du passé, au-delà de témoigner du geste symbolique mémoriel de la création de la capsule temporelle », explique la professeure Vandevelde.



