Le mot de notre président d’honneur

Chers amis de la presse, chers étudiants de la seizième cohorte en éco-conseil, chers participants,
 
Il me fait très plaisir d’avoir été choisi comme président d’honneur de l’événement éco-conseil 2017. Le thème de cette année sur les alternatives alimentaires me tient à cœur depuis plus de trente ans. Laissez-moi vous en parler quelques instants.
 
Les programmes en éco-conseil visent à former des professionnels du développement durable. Le DÉSS en éco-conseil est le seul programme en Amérique du Nord qui offre le titre d’éco-conseiller. Ces professionnels, présents sur quatre continents sont des promoteurs et des acteurs du développement durable au sein des entreprises, des maisons d’éducation et des gouvernements. Plusieurs s’inscrivent dans la filière agroalimentaire, à tous les niveaux. En effet, l’alimentation est un besoin humain dont la satisfaction s’inscrit au cœur du développement durable.
 
En septembre 2015, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté 17 Objectifs de développement durable pour le Programme de développement durable à l’Horizon 2030. Ces objectifs remplacent les Objectifs du Millénaire pour le développement.
 
Le deuxième ODD se lit comme suit :

« Éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition, promouvoir l’agriculture durable ». Il présente de très nombreuses interactions avec les 16 autres objectifs comme l’apprennent nos étudiants.
 
Il faut comprendre que la satisfaction des besoins alimentaires d’une population humaine en pleine croissance, qui dépassera les huit milliards de personnes avant 2030 et peut-être 11 milliards à la fin du siècle, représente un défi important. En effet, il faut produire, transformer, distribuer ces aliments dans une économie mondialisée où la répartition équitable des bénéfices est loin d’être un acquis. C’est pourquoi, malgré toute la production agricole et les pêcheries mondiales, il reste encore près de 800 millions de personnes sous-alimentées dans le monde.
 
Comment alors peut-on atteindre à la fois les quatre composantes de l’ODD 2 ? C’est là qu’intervient la thématique de l’événement éco-conseil 2017. « Et demain, qu’est-ce qu’on mange ? » En effet, une très grande partie de la solution pour nourrir l’humanité réside dans les choix alimentaires que nous faisons chaque jour.
 
Nos choix alimentaires motivent toute la chaîne de production, du travail des terres à l’énergie nécessaire à la réfrigération en passant par l’usage des pesticides, des agents de conservation et le transport. Nourrir l’humanité a, à chacune des étapes du cycle de vie des aliments, des impacts sur l’environnement. La déforestation tropicale, l’érosion des sols, la contamination des eaux, la production de gaz à effet de serre, la perte de biodiversité dans les forêts, les écosystèmes aquatiques, les océans et même dans les variétés de plantes cultivées, n’en sont que quelques exemples.
 
Dans le domaine des changements climatiques, l’agriculture représente 14% des émissions mondiales de gaz à effet de serre et cette proportion monte à 24% si on inclut la déforestation tropicale. Cela ne comprend pas les émissions liées au transport, à la transformation, à la réfrigération ou à la cuisson des aliments, non plus que les émissions des sites d’enfouissement.  
 
Mais l’agriculture est aussi fortement affectée par les changements climatiques, particulièrement par les évènements extrêmes et les modifications du régime hydrique. Le relèvement du niveau des océans affecte aussi les terres agricoles par l’érosion et la salinisation. On pourrait ainsi perdre des millions d’hectares de terres agricoles mondiales ce qui augmentera la pression sur les forêts tropicales humides. La perte de fertilité naturelle des sols par l’agriculture industrielle, l’urbanisation croissante (d’ici 2030, on perdra 30 millions d’hectares de terres agricoles au profit des villes) sont aussi des menaces à la sécurité alimentaire.
 
Appliquer le développement durable à la filière agroalimentaire est une priorité et il est tout à fait possible de trouver maintenant les marges de manœuvre pour réaliser les cibles de l’ODD 2. Mais cela ne sera pas possible si nous, dans les pays riches, ne faisons pas notre part.
 
Les solutions sont connues : manger moins de viande et de produits transformés, réduire le gaspillage alimentaire à tous les niveaux, choisir des produits agricoles locaux, encourager l’agriculture biologique, favoriser les produits des pêcheries durables. Tout cela est à notre portée et les bénéfices pour notre santé et la santé de la planète seront au rendez-vous.
 
Il y a trente ans, dans la foulée du rapport Brundtland, je soutenais cette proposition, comme en témoigne le fascicule « La biosphère dans votre assiette » co-écrit avec Suzanne Lambert, ma conjointe ét publié par Environnement Jeunesse en 1989. Aujourd’hui, les étudiants en éco-conseil poursuivent le travail avec l’événement éco-conseil. Profitez-en bien et participez nombreux à chacune des activités qu’ils vous proposent. Après tout, 2030, c’est demain et les problèmes que nous pouvons envisager aujourd’hui ne sont surtout pas une fatalité !

 

Claude Villeneuve
Professeur titulaire, directeur de la Chaire en éco-conseil
Université du Québec à Chicoutimi
Claude_villeneuve@uqac.ca

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