Le cofondateur d’Equilibrium partage sa connaissance du matériau bois
Une sommité dans le domaine du matériau bois était de passage au Québec en mars dernier. Il s’agit d’Eric Karsh, M.Ing., P.Ing., Ing.Struct., MIStructE, Ing, cofondateur de la firme vancouvéroise Equilibrium Consulting reconnue mondialement pour ses conceptions en bois novatrices. Ce dernier est venu dans la province à l’invitation du CESAM et a agi comme formateur dans le cadre de la formation « Les bâtiments en bois de grande envergure ».
Une carrière prolifique
Eric Karsh a débuté sa carrière en 1987 comme consultant à Ottawa au sein du cabinet Adjeleian Allen Rubeli (AAR) qui a conçu, entre autres, le Skydome de Toronto. Au cours des années passées chez AAR, Eric a été impliqué dans la conception de gratte-ciel et de divers bâtiments commerciaux et institutionnels tels que le New Ottawa City Hall, projet qui l’a amené à travailler avec le célèbre architecte Moshe Safdie.
Fort de cette expérience, Eric décida de lancer sa propre compagnie, et c’est ainsi qu’en 1998, il se joignit à Robert Malczyk pour cofonder Equilibrium Consulting. C’est par le biais de son entreprise qu’il s’est intéressé pour la première fois au matériau bois. Une demande de client l’amena d’abord à introduire en Colombie-Britannique les méthodes européennes de connexion. Firme innovante, Equilibrium intégra également dans ses méthodes de travail les robots de coupe et la colle blanche.
Puis, en 2007, Equilibrium fut invité à faire l’édifice olympien « la Maison de l’Autriche » à Whistler. La firme s’inscrivit alors comme un précurseur puisque la Maison de l’Autriche fut le premier édifice en Amérique du Nord à utiliser des panneaux massifs en bois d’ingénierie. Cette première expérience a ensuite donné naissance à d’autres projets d’envergure en panneaux de bois massif. C’est aussi dans le cadre de ce projet qu’Equilibrium a introduit au Canada le système européen de mesure de performance énergétique Passivhaus.
Leader de l’ingénierie du bois
Au fil des projets, Eric Karsh s’est imposé comme une référence dans le domaine de la construction en bois, ici comme à l’étranger. Cette reconnaissance internationale l’a amené à travailler sur un certain nombre de projets d’envergure tels que l’agrandissement de l’aéroport de Raleigh-Durham et l’aéroport de Prince George, qui a été primé à de multiples reprises, ainsi que le très novateur Earth Sciences Building de l’Université de la Colombie-Britannique.
La carrière d’Eric Karsh a été marquée de plusieurs distinctions. Il a été récompensé, entre autres, pour son travail sur le stade de soccer Marie-Victorin à Montréal, l’Earth Sciences Building à Vancouver et plus récemment, le Wood Innovation and Design Centre à Prince George.
En 2012, Eric Karsh a publié le rapport The Case for Tall Wood Buildings en collaboration avec l’architecte Michael Green. Repris dans des médias d’envergure comme CNN, l’Économiste, National Geographic, le Fifth Estate et TED Global, ce rapport introduit une solution structurelle pour les édifices de bois allant de 12 à 30 étages. Soulignons que ce rapport a été adopté comme lecture obligatoire par un certain nombre d’écoles d’architecture en Amérique du Nord, y compris l’école d’architecture de Yale.
Possédant une vaste expérience de la conception durable, Eric a été impliqué dans de nombreux projets LEED.
Au nombre de ses réalisations majeures, mentionnons que, suite au tremblement de terre de 2010 en Haïti, il a rejoint une équipe d’experts sismiques parrainée par MCEER, afin d’offrir des séminaires axés sur l’activité sismique aux ingénieurs de l’Université Quisqueya de Port-au-Prince.
Le matériau bois vu par Eric Karsh
Selon Eric Karsh, les atouts du bois sont multiples. L’expert en ingénierie du bois apprécie notamment la versatilité de ce matériau, sa grande valeur architecturale, la rapidité de construction qu’il offre, ainsi que le fait qu’il s’agisse d’un matériau renouvelable et à faible impact environnemental.
«Le bois est devenu un matériau de pointe et nous permet aujourd’hui de faire des édifices en bois de toutes sortes. Sur le plan technologique, j’oserais même dire que le bois a atteint le même stade d’avancée que l’acier ou le béton, ce qui nous permet de construire des édifices d’envergure avec ce matériau », note-t-il.
«Le principal défi réside maintenant dans la façon de démontrer comment le bois peut être économique à utiliser par rapport aux autres matériaux, notamment en ce qui a trait au bois massif. Selon moi, l’une des façons les plus efficaces de rendre cette option de construction plus économique passe par une croissance de la demande. En fait, plus il y aura une demande importante pour le bois massif, plus les prix seront compétitifs. Il faut aussi reconnaitre qu’à l’heure actuelle, le bois massif a essentiellement été utilisé dans des projets d’édifices à gros budget. Le fait qu’il y ait de plus en plus de projets en bois massif à budget restreint poussera le milieu à trouver des solutions plus économiques pour faciliter l’accessibilité du produit.»
Eric Karsh est également d’avis que le développement de techniques modernes dans le domaine du bois est un facteur qui amènera davantage de diversification et qui permettra au matériau d’étendre sa portée.
«Les raisons d’utiliser le bois sont nombreuses. Reste maintenant à pousser les consultants, les professionnels et intervenants du milieu de la construction, ainsi que les propriétaires, à utiliser davantage ce matériau de choix ».
© Photo d’entête de Martin Tessler, gracieuseté d’Equilibrium Consulting