Du 10 janvier au 28 février 2024
Vernissage le mercredi 10 janvier 2024 à 17h00
SODA POUDRE CIMENT SOUDE réunit un corpus de vestiges des récentes explorations en installation et en animation de l’artiste multidisciplinaire Carolyne Scenna.
Les œuvres présentées touchent notamment aux formes sculpturales hybrides. Pour l’occasion, l’artiste a voulu revisiter ces pièces pour leurs particularités picturales. Hors de leur contexte initial, les moulages, les vastes textiles imbibés empreints de matières solubles et de restes d’images, l’ambiance sonore et les vidéos dont se compose l’exposition ont été sélectionnés à partir de leur rapport à la répétition et à l’impermanence. Travaillant avec des matériaux récupérés dont elle détourne souvent l’usage premier, tout dans la pratique de Carolyne Scenna peut faire œuvre. Même, et peut-être surtout si, le matériel ou l’image avaient dans un premier temps été écartés, classés comme inadéquats. C’est une volonté de donner une nouvelle vie, de réparer, de revaloriser de petits objets, des tissus ou de vieux dessins qui vont ainsi échapper au flux abondant des déchets humains en devenant un objet d’art.
Le titre SODA POUDRE CIMENT SOUDE évoque quant à lui, non sans humour, le processus obsessionnel et le caractère polysémique du travail de l’artiste. Une suite métaphorique de substances poudreuses dissolubles, où les mots résonnent et se heurtent à leur prononciation. Ici, les questionnements de l’artiste se transposent dans la métaphore et la matière, intrinsèques à une pratique de l’image qu’elle articule avec l’idée qu’une structure ne pourrait être créée autrement que par la répétition, comme le fait la musique.
Ayant beaucoup travaillé avec l’animation expérimentale, elle accorde à la circularité du processus une place prédominante. En faisant le choix de travailler sur plaque de verre – autour de laquelle prendra place sa chape de moulage – elle fait un clin d’œil direct à une méthode classique d’animation. Au lieu de capter la répétition des gestes afin de recréer le mouvement dans une séquence animée, elle coule sur ses interventions un alliage de ciment et de plâtre dur. En séchant, le plâtre vient cristalliser l’intervention picturale. Travaillant impulsivement sur la surface de la vitre, avec des matériaux solubles ou réversibles, elle peut s’adonner à toutes sortes d’expérimentations. Cependant, une fois qu’elle coule le plâtre, tout est joué. Elle doit attendre, démouler, et voir le résultat qui, une fois complètement durci sous forme de tuile, devient immuable. L’impermanence n’est plus. Carolyne Scenna joue avec et contre les limitations matérielles. Elle s’intéresse au mouvement d’apparition et de disparition des images, et si cela ne se produit pas sous nos yeux comme avec ses animations, nous sommes néanmoins les témoins de ce qui reste de l’image-empreinte altérée et transférée à la surface du ciment. Chaque tuile portant en elle ses propres transformations et transitions visuelles dont seulement la dernière phase est visible.
Carolyne Scenna est une artiste multidisciplinaire. Son œuvre prend la forme d’installations, d’animations expérimentales et d’objets sculpturaux. Avide de découvrir des accès prodigieux au monde jamais assez rempli des images, elle manipule de manière récurrente dessins, archives spéculatives et photographies, traçant des allers-retours entre les procédés qu’elle expérimente. En résultent des situations inédites, à la limite de l’étrange et de l’ordinaire ; des images qui se déploient en une diversité de sens, souvent poétiques et contradictoires. Son travail a notamment été présenté à la Galerie de l’UQAM (2017), au centre Clark (2019), au I.C.A. de Baltimore aux États-Unis (2019), à la Galerie B-312 (2020), au centre SKOL (2021), à L’Écart à Rouyn-Noranda (2021) et à L’Œil de Poisson à Québec (2023). Elle détient une maîtrise en arts visuels et médiatiques de l’Université du Québec à Montréal (2017).