Billet débuter le 21 mai 2014…
La qualité de la langue des futurs enseignants…
On en parlait hier à la radio de Radio-Canada à l’émission Médium large. On en parlait la semaine dernière dans les journaux. On en parle tout le temps dans les universités. Les enseignants en parlent entre eux. Les futurs enseignants en parlent aussi. Les parent se plaignent parfois…). Les politiciens en parlent aussi…
C’est un sujet redondant dans l’actualité. On en parle beaucoup. Mais que fait-on réellement?
Ici à l’UQAC, c’est un débat constant et une source de tensions depuis que je suis professeur (2005!). Qu’a-t-on fait? Il y a d’abord une politique. Pour chaque travaux, les professeurs et chargés de cours peuvent couper jusqu’à 20% de la note pour la qualité de la langue. 20%, c’est la différence entre un « A » et un « C »… On rend aussi disponible du matériel que certains professeurs utilisent ou recommandent. Par exemple, cette grille est utilisée par certains de mes collègues. Ils indiquent dans la marge le code des erreurs repérées sans les souligner et les étudiants ont l’opportunité de récupérer une portion de leurs points s’ils peuvent faire la correction. Nos étudiants doivent aussi passer un test lors de l’admission. S’ils n’ont pas une bonne note, ils doivent obligatoirement prendre un cours en dehors du programme. Il y a aussi des ateliers offerts à nos étudiants et un service d’aide individuelle. On leur offre aussi de se préparer pour le fameux TECFEE…
Malgré tout, les choses changent peu…
Expliquer pourquoi n’est pas simple puisque le problème est complexe.
On doit d’abord savoir que les admissions sont en baisse dans les programme de formation à l’enseignement… Je ne crois pas que ce soit seulement à l’UQAC. Pourquoi? Le TECFEE en décourage probablement plusieurs. Il y a ensuite l’attractivité de la profession. Avouez que ce n’est pas intéressant de pratiquer un métier décrié dans les journaux, de subir les attaques de certains parents qui ne respectent plus le travail qu’on tente de faire pour leur petit prince ou leur petite princesse, d’aller à l’université pour exercer un métier dans lequel tu devras subir les humeurs des politiciens et des administrateurs qui ne sont pas dans la salle de classe et prennent souvent des décisions globales sans trop savoir… Accepteriez-vous qu’on l’on administre le médicament X à tout le monde parce qu’il est celui qui va guérir le plus de monde? Même si vous n’étiez pas malade? Même si vous êtes dans une forme olympique? Et bien c’est le genre de décision que l’on prend parfois en éducation. Si on laissait un peu plus de corde aux CS, aux écoles et aux enseignants pour s’adapter à la réalité local, ce serait probablement mieux. (C’est du moins ce que je pense!) Mais ce n’est pas tout… Accepteriez-vous que je m’occupe de votre santé? Après tout, j’ai un doctorat. C’est plus que plusieurs médecins! J’ai aussi souvent soigné mes filles. J’ai donc de l’expérience! Non? Je me demande bien pourquoi… Et bien en éducation, c’est souvent des administrateurs, des spécialistes en informatique ou des politiciens qui prennent les décisions importantes. Et les enseignants, ceux que l’on forme pour s’occuper de l’éducation des jeunes, ils doivent exécuter ce qu’on leur prescrit même si ça ne s’applique pas vraiment dans leur classe… Voudriez-vous devenir enseignant dans de telles conditions? Il y a ensuite le salaire. Pour moi, les enseignants sont les constructeurs du Québec de demain, pourtant on leur demande de travailler dans des conditions misérables pour un salaire qui n’a rien à voir avec l’importance de la tâche qu’on leur demande d’accomplir. Commencez-vous à comprendre pourquoi la profession n’attire plus les jeunes? Collectivement, on ne fait probablement rien pour que la profession soit attirante.
À l’UQAC, on a proposé d’augmenter les critères d’admission à nos programmes. Face à la baisse d’inscription et aux budgets déficitaires, c’est évidement impossible! Selon ce que j’ai entendu dire, c’est notre tâche d’en faire de bons enseignants!