Les chablis font partie des perturbations naturelles qui jouent un rôle actif dans le cycle évolutif des forêts. Ce sont des perturbations naturelles peu connues, malgré l’augmentation prévue de leur fréquence avec les effets du changement climatique. Pour cela, mieux connaître cette perturbation naturelle est une question essentielle. De plus, dans le contexte de l’aménagement forestier écosystémique, les coupes partielles sont proposées comme des alternatives à la coupe totale, et la mortalité après coupe causée par les chablis représente un aspect qui suscite beaucoup d’intérêt. Les arbres cassés ou renversés pourraient être considérés comme pertes et mettre en danger la rentabilité de ces traitements. Les coupes partielles contribuent à augmenter la pénétration du vent dans le peuplement résiduel, ce qui augmente le risque de chablis. Il y a certains endroits où la fréquence des feux est faible et où les chablis pourraient constituer la perturbation dominante et jouer un rôle majeur dans la dynamique forestière, comme c’est le cas sur la Côte-Nord dont le cycle de feu a été estimé entre 270 et 500 ans.
Miguel Montoro Girona et Hubert Morin du laboratoire d’écologie végétal et animal de l’UQAC, en collaboration avec Jean-Claude Ruel (Université Laval) et Jean-Martin Lussier (Service canadien des forêts) ont publié une étude dans le journal Frontiers in Forests and Global Change sur cette perturbation forestière. Cette recherche vise à évaluer la mortalité par chablis après des traitements sylvicoles expérimentaux. C’est une étude très originale et innovatrice avec plus de 2000 arbres et plus de 30 variables (géographiques, du peuplement et de l’arbre). Ils ont réussi à expliquer les facteurs qui ont influencé la mortalité des arbres renversés, cassés et morts debout. C’est une très grande contribution, parce que la majorité des études sur les chablis n’ont pas différencié les différents types de mortalité. De plus, ils ont évalué les pertes par mortalité dans notre traitement d’étude. Une relation entre l’intensité de coupe et la mortalité a été déterminée. Enfin, cette étude a démontré que les traitements d’étude sont capables de minimiser le risque de chablis. Vous voulez en savoir plus sur les chablis et la mortalité des arbres, un des phénomènes écologiques les plus complexes de nos forêts ? On vous invite à lire cet article.
https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/ffgc.2019.00004/full
Cette étude a été développée dans un dispositif expérimental établi en 2003-2004, au nord du Saguenay et en Haute-Côte-Nord. Ce dispositif de recherche a comme principal objectif d’évaluer l’efficacité des coupes progressives régulières comme alternative sylvicole dans le cadre d’un aménagement forestier écosystémique. Pour cela, l’effet des traitements sylvicoles expérimentaux sur la croissance des arbres résiduels, la mortalité par chablis, la régénération des semis et les réponses de la végétation après coupe ont été les sujets prioritaires étudiés. Des approches novatrices de récolte et de production de bois en maintenant les attributs écologiques importants de forêts mûres et surannées ont également été testées. Voulez-vous découvrir ça ? On vous invite à faire une visite virtuelle : https://visitesvirtuelles.partenariat.qc.ca/monts-valin/
Le dispositif comprend 36 unités expérimentales réparties en bloc de six unités. Il est à plusieurs égards unique au monde, notamment parce qu’il est le premier portant sur la coupe progressive sur l’épinette noire, et le premier portant sur des modalités adaptées aux opérations mécanisées. Il permet entre autres de répondre à une des questions les plus importantes de la sylviculture boréale : pouvons-nous trouver des alternatives à la coupe totale afin de respecter les autres usages de la forêt. Pour le moment, Miguel Montoro Girona a évalué l’effet de la croissance, régénération et la mortalité, mais il y a des aspects écologiques et économiques que seront étudiés prochainement.
Voir autres recherches dans le dispositif expérimental :
https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpls.2018.01145/full
https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0172653
https://www.mdpi.com/1999-4907/7/10/240
source : Miguel Montoro Girona
Laboratoire de biologie végétale et animale / Département de sciences fondamentales
Université du Québec à Chicoutimi (Québec, Canada)
Tel. : 418 545-5011 Poste : 2330