Le couvert de glace des lacs d’eau douce du monde entier s’amenuise en raison du changement climatique. Cette transformation aurait des répercussions majeures sur la sécurité humaine, ainsi que sur la qualité de l’eau, la biodiversité et l’équilibre des nutriments dans l’écosystème. C’est ce que révèle une étude publiée dans la revue Science, réalisée par une équipe internationale de chercheurs, à laquelle a participé Milla Rautio, professeure au Département des sciences fondamentales.
L’analyse publiée par les chercheurs indique un changement majeur dans la durée de la glace sur les lacs au cours des 25 dernières années, avec une fonte débutant au moins un mois plus tôt qu’au cours des siècles précédents.
Parmi les conséquences engendrées par ce phénomène, la diminution de la durée du couvert de glace et l’augmentation des températures affecteraient la biogéochimie et le métabolisme microbien dans les lacs, les exposant à un risque accru de dégradation de la qualité de l’eau.
Par exemple, des proliférations toxiques de cyanobactéries peuvent se former dans des eaux plus chaudes, mettant en danger à la fois les poissons et les humains. Pour compliquer la situation, les conditions de faible oxygène causées par ces proliférations peuvent libérer des métaux emprisonnés dans les sédiments du fond des lacs, compromettant ainsi la qualité de l’eau.
La diminution de la glace des lacs affecterait également le cycle du carbone. Les preuves indiquent que la couverture de glace permet aux lacs de séquestrer le carbone de l’atmosphère, tandis que l’eau plus chaude libère plus de méthane, d’oxyde nitreux et d’autres gaz à effet de serre.
Les chercheurs identifient également d’importants impacts au niveau social, par exemple un accès réduit aux activités culturelles basées sur la glace, des transformations dans les pêcheries, une augmentation de l’érosion des berges et une diminution des réserves d’eau.
Bien que des scientifiques étudient l’écologie des lacs de l’hémisphère nord et des lacs de haute altitude depuis des décennies, la recherche sur les lacs en hiver est un domaine en émergence. Cette étude a mis en lumière des changements majeurs qui affectent les écosystèmes lacustres et les communautés humaines. Ceux-ci doivent être étudiés plus en profondeur pour mieux comprendre l’étendue et la complexité de ces risques et les stratégies que nous pourrons développer pour les atténuer.
