Sommaire

Transition Facteurs Stratégies Points de vigilance

 

La transition d’un milieu d’apprentissage à un autre, qu’il s’agisse du passage du cégep à l’université ou de tout changement de contexte éducatif, s’accompagne de nombreux défis. En effet, les personnes étudiantes sont confrontées à des changements majeurs : le rythme d’enseignement et d’apprentissage est souvent plus rapide, la charge de travail associée aux cours diffère, certaines personnes doivent apprendre à vivre en dehors du domicile familial, etc.

D’un côté, les personnes étudiantes nouvellement arrivées en milieu universitaire doivent s’adapter à l’environnement universitaire, développer des méthodes d’apprentissage adaptées à la réalité des études supérieures, s’approprier de nouvelles connaissances (vocabulaire, pratiques, etc.) propres au domaine d’études  choisi et faire face aux attentes des personnes enseignantes qui peuvent différer de celles vécues au collégial. D’un autre côté, les personnes enseignantes doivent, pour leur part, se conscientiser aux réalités des personnes étudiantes, les accompagner dans cette transition majeure et saisir l’importance de prendre en compte la diversité étudiante constituant ces groupes lors de cette première année.

Ce dossier thématique a pour objectif de mettre en lumière les facteurs pouvant complexifier l’arrivée et l’adaptation des personnes étudiantes aux études universitaires, proposer des stratégies pouvant être mises en place par les personnes enseignantes et les établissements d’enseignement universitaires pour faciliter l’intégration et la réussite des nouvelles personnes étudiantes et attirer l’attention sur les points de vigilance qui permettent d’orienter les pratiques enseignantes dans ce contexte.

 

Qu’est-ce que la pédagogie de la première année?

Le passage du milieu collégial, ou de l’enseignement professionnel, vers l’enseignement universitaire marque une étape importante accompagnée de nombreux changements. En effet, les différences entre le cégep et l’université sont multiples. Tout d’abord, la taille des campus est bien plus imposante à l’université, offrant une diversité d’espaces et de ressources souvent absentes au cégep. Les groupes, également plus grands, créent un environnement d’apprentissage plus impersonnel, ce qui contraste avec la structure plus intime du cégep. Par ailleurs, la charge de travail s’intensifie, les personnes étudiantes doivent gérer un volume de tâches plus élevé et des délais souvent plus serrés. L’utilisation des plateformes numériques devient également plus complexe, avec des outils spécifiques à maîtriser selon leur champs d’études. De plus, la pondération des travaux et des examens est souvent différente à l’université, où les examens prennent une place déterminante dans l’évaluation finale. Ces changements nécessitent une adaptation rapide, particulièrement pour les personnes étudiantes en première année universitaire qui devront apprendre à naviguer dans un environnement où l’indépendance et la gestion autonome sont primordiales. Cette transition vers les études universitaires doit être accompagnée d’une pédagogie bien pensée, surtout lors de la première année, qui joue un rôle clé dans la réussite académique et l’intégration dans ce nouvel univers.

La première année aux études supérieures des personnes étudiantes mérite une attention particulière puisqu’elle contribue à mettre en place des mécanismes déterminants pour la poursuite ou l’abandon du projet d’études (1). La pédagogie de la première année fait référence à une prise de conscience des établissements d’enseignement à propos des écarts apparaissant lors de la transition entre le cégep et l’université. Il en découle un désir de briser l’isolement des personnes étudiantes et de les accompagner dans le développement de compétences et de savoirs nécessaires à la réussite des études universitaires. L’objectif est d’encourager l’engagement des personnes étudiantes dans leur projet d’études, d’assurer un apprentissage durable et de les guider vers la réussite (2).

En résumé

Principales différences entre le cégep et l’université :
Taille du campus · Environnement peut sembler plus impersonnel · Charge de travail · Plateformes numériques · Évaluations · Autonomie

Qu’est-ce qu’une transition?

Dans le monde de l’éducation, une transition est définie comme un processus complexe, dynamique (impliquant plusieurs allers-retours) et unique (3). Elle représente un changement de contextes (différents niveaux d’études ou changement d’établissements) et d’exigences associées au rôle que l’on occupe (les attentes diffèrent si l’on est une personne étudiante au collège ou à l’université) (45). La transition peut être considérée comme étant achevée lorsque la personne étudiante se sent épanouie et en équilibre dans le milieu universitaire dans lequel elle évolue (3).

Le modèle suivant permet de présenter, de manière dynamique, les éléments pouvant entraver la transition vers les études supérieures. Au cœur du modèle se trouvent l’engagement envers ses propres objectifs de formation et l’engagement institutionnel en ce qui a trait à la rétention des personnes étudiantes de première année.

Certains facteurs personnels, comme les qualifications antérieures ainsi que les caractéristiques individuelles et familiales, peuvent influencer l’engagement des personnes étudiantes. Certains facteurs extrinsèques, comme le soutien à l’apprentissage et le contexte dans lequel évoluent les personnes étudiantes (finances, famille, etc.), peuvent eux aussi influencer l’engagement des personnes étudiantes.

L’intégration académique et l’intégration sociale peuvent influencer l’engagement, mais l’inverse est aussi vrai puisqu’un désir important d’atteindre ses objectifs peut encourager une personne à créer des liens avec ses pairs et à occuper des rôles extrascolaires qui lui permettront de s’intégrer.

Lorsqu’une grande partie de ces facteurs ont des impacts négatifs sur l’engagement, il peut alors en résulter un abandon des études supérieures.

 

Lorsque l’on pense à la transition dans les études, il est possible de la diviser en quatre dimensions.

Retour au sommaire →

Quels sont les facteurs pouvant aider à soutenir les personnes étudiantes lors de la transition?

1) La concertation des personnes enseignantes peut être un facteur de réussite et de facilitation de la transition. En effet, la concertation permet que les personnes intervenant auprès des personnes étudiantes de première année travaillent de manière cohérente, ce qui facilite les suivis et les interventions. Le travail en équipe pourrait permettre de planifier les cours de la première session, de faire en sorte que les examens ne soient pas tous réalisés dans la même période, de repérer les personnes étudiantes en difficulté et d’intervenir efficacement.

2) Afin de faciliter les transitions, il est important que les programmes mettent en place des structures d’accueil impliquant les personnes enseignantes à la première année afin d’accueillir les personnes étudiantes, leur faire découvrir leur nouvel environnement, se présenter, leur faire visiter les différents endroits dans l’établissement où elles pourront trouver de l’aide et même inviter les représentants des différents services dans les cours afin que les personnes étudiantes puissent savoir à qui se référer en cas de difficulté (service d’aide aux étudiants, bibliothèque, registraire, clinique de connexion en début de trimestre, etc.).

3) Il importe de créer un lien, une bonne relation dès le début de la session avec les personnes étudiantes. Celles-ci doivent sentir qu’elles peuvent faire confiance aux personnes enseignantes et se tourner vers elles lorsqu’elles ont besoin d’aide. Il est ainsi recommandé, dans les premiers cours, de prendre le temps de se présenter, de faire des activités brise-glace et de renforcer la création d’un sentiment d’appartenance dans la cohorte. Réaliser un questionnaire pour mieux connaître les personnes étudiantes peut faciliter la première prise de contact. La relation pédagogique qui naîtra de ces interactions pourrait avoir de grandes répercussions sur l’apprentissage, la persévérance, l’engagement, la motivation et la réussite (67).

4) Une intervention précoce devrait permettre d’identifier les personnes étudiantes qui pourraient avoir besoin de soutien et espérer avoir un effet sur leur cheminement. En offrant des opportunités de discuter en grand groupe et de collaborer avec les pairs, il est possible de favoriser la création de nouvelles relations pour les personnes qui semblaient au départ isolées. Une intervention précoce contribue à la création d’un sentiment d’appartenance et à l’engagement. Ce faisant, elle peut favoriser la rétention des personnes étudiantes (8).

Retour au sommaire →

Quelles stratégies mettre en place pour faciliter la transition des personnes étudiantes?

Il faut retenir que l’intervention précoce est un concept clé permettant de faciliter la transition des personnes étudiantes en les menant vers l’accès à la réussite.

Diverses actions (9) peuvent être mises en place par les personnes enseignantes afin de favoriser la transition des personnes étudiantes et leur réussite à leur première année d’études universitaires, notamment : 

  • Réaliser une activité brise-glace pour que tous apprennent à se connaître;
  • Morceler les travaux réalisés sur une longue période en offrant des rétroactions, permettant ainsi aux personnes étudiantes de se familiariser avec les attentes de la discipline du monde universitaire;
  • Encourager les personnes étudiantes à échanger sur leurs stratégies et leurs expériences afin de les amener à prendre conscience de leurs méthodes de travail et à en découvrir de nouvelles;
  • Guider la réalisation des premiers travaux d’équipes, qui peuvent s’avérer difficiles en début de parcours universitaire, en offrant des contrats d’équipe, des périodes de suivi et, si possible, du temps en classe supervisé;
  • Encourager l’évaluation par les pairs (en offrant des grilles de corrections détaillées) pour amener les personnes étudiantes à prendre conscience de leurs propres travaux tout en leur permettant de développer de la rigueur et de l’autonomie;
  • Minimiser les tâches de mémorisation et présenter davantage de tâches liées à la compréhension des concepts;
  • Enseigner la pensée critique et la pratique réflexive.
Le mentorat – pour la création d’un réseau de contact facilitant

Le mentorat joue un rôle clé dans la transition des personnes étudiantes vers les études supérieures, notamment en leur offrant un soutien personnalisé et un accompagnement dans cette période de changement. Un mentor permet à la personne étudiante de mieux comprendre les exigences académiques, de développer des stratégies de gestion du temps et de renforcer sa confiance en soi. De plus, le mentorat crée un lien humain essentiel qui aide à surmonter l’isolement et le stress souvent associés à cette première année, facilitant ainsi l’adaptation à un nouvel environnement académique et social. En partageant leurs expériences et conseils, les mentors contribuent à une expérience universitaire plus sereine et réussie. Ce dossier portant sur un programme de mentorat mis en place à l’école Polytechnique de Montréal permet de présenter les principaux avantages d’un tel programme.

Cultiver la motivation et le plaisir –  un élément clé dans la persévérance scolaire

La motivation joue un rôle crucial dans la réussite de la première année universitaire et dans l’intégration aux études supérieures. En effet, face aux défis de cette nouvelle étape, les personnes étudiantes doivent être capables de maintenir un engagement constant envers leurs études, même lorsqu’elles rencontrent des difficultés ou des moments de découragement. La première année est souvent marquée par une phase d’adaptation, où les personnes étudiantes apprennent non seulement à gérer leur charge de travail, mais aussi à se connecter avec les exigences académiques et la rigueur de l’université. Une forte motivation permet de surmonter ces obstacles, de rester concentré sur ses objectifs et de prendre l’initiative dans l’apprentissage. De plus, elle est essentielle pour s’impliquer dans la vie universitaire, qu’il s’agisse de participer à des activités extra-curriculaires ou de tisser des liens avec les personnes enseignantes et les autres personnes étudiantes, éléments essentiels pour une intégration réussie. La figure suivante (14) permet d’illustrer les différentes composantes de la motivation.

Approche-programme : facilitation de la concertation et de la mise en place de l’accueil des personnes étudiantes

L’approche-programme est particulièrement pertinente pour faciliter la transition des personnes étudiantes durant leur première session universitaire, car elle offre une structure claire et un cadre cohérent d’apprentissage. En intégrant des cours et des activités spécifiquement conçus pour renforcer les compétences académiques, organisationnelles et sociales des personnes étudiantes, cette approche permet de mieux les préparer à la réalité de l’université. En effet, au lieu d’être confrontés à des matières éparpillées sans lien évident entre elles, les personnes étudiantes suivent un parcours structuré qui les aide à développer des compétences transversales tout en maîtrisant les contenus spécifiques de leur programme. Cette approche permet aussi de favoriser un accompagnement plus personnalisé, avec des ressources dédiées, telles que des ateliers de soutien ou des séances de mentorat, qui aident à gérer la charge de travail et à s’adapter à un nouvel environnement. Ainsi, l’approche-programme favorise une intégration progressive, réduisant l’isolement et augmentant les chances de succès dès la première session.

L’université Laval propose un dossier très complet sur ce thème.
Notre équipe d’accompagnement pédagogique est disponible pour vous offrir un soutien personnalisé à ce sujet.

Retour au sommaire →

Points de vigilance

La connaissance des facteurs facilitant la transition des personnes étudiantes permet de favoriser leur réussite. Toutefois, certains points de vigilance doivent retenir l’attention des personnes enseignantes, puisque ceux-ci auraient des impacts négatifs sur la transition.

Quels sont donc les facteurs pouvant complexifier l’adaptation des personnes étudiantes aux études universitaires et leur persévérance?

  • L’échec à un ou des cours au premier trimestre (10).
  • Le stress engendré par la fin d’un parcours connu et l’arrivée dans un nouveau milieu (11).
  • Les difficultés sont généralement liées aux compétences et connaissances préalables; aux stratégies d’apprentissage et d’autorégulation; à la connaissance de la norme (régime pédagogique, connaissance du programme, etc.); à la situation personnelle de la personne étudiante (gestion du temps, stress, soutien social, situation financière)(12, 13, 2).
  • Certains facteurs intrinsèques (capacité de gestion du temps, confiance en soi, motivation et intérêt).

Pour aller plus loin


Dans ce dossier thématique, nous avons traité des personnes étudiantes faisant une transition du collège vers l’université. Toutefois, les principes de la pédagogie de la première année peuvent également s’adresser aux personnes étudiantes provenant de l’international et aux personnes faisant un retour aux études.


Pour citer ce dossier thématique :
L’équipe pédagogique du Carrefour de l’enseignement et de l’apprentissage. (2025). La pédagogique de la première année. Carrefour de l’enseignement et de l’apprentissage de l’UQAC. https://www.uqac.ca/carrefour/la-pedagogie-de-la-premiere-annee

 

Références

  1. Tinto, V. (1993). Leaving college : rethinking the causes and cures of student attrition (2e éd.). University of Chicago Press. 
  2. Lussier, O. (2004). La pédagogie de la première session : vers une nouvelle perception du rôle de l’enseignant. Pédagogie collégiale, 17(4), 23-27.
  3. Tardif, S., Chouinard, L., Savard, C. et Carrier, E. (2024). Une transition réussie, c’est une responsabilité partagée. Pôle sur les transitions en enseignement supérieur.  https://poletransitionseducation.ca
  4. Coertjens, L., Brahm, T., Trautwein, C. et Lindblom-Ylänne, S. (2017). Student’s transition into higher education from an international perspective. The international journal of higher education research, 73, 357-369. 
  5. Kyndt, E., Donche, V., Trigwell, K. et Lindblom-Ylänne, S. (dir.). (2017). Higher education transitions theory and research. Routledge.
  6. CAPRES. (2020). Transitions interordres et intercycles en enseignement supérieur. https://oresquebec.ca/dossiers/transitions-interordres-et-intercycles-en-enseignement-superieur/ 
  7. Kozanitis, A. et Latte, K. (2017). Influence de la relation pédagogique sur la motivation scolaire en contexte postsecondaire : une revue de la littérature [article de conférence]. Journée de la recherche sur la motivation au collégial. Montréal, QC, Canada.
  8. Romainville, M. et Michaut, C. (dir.). (2012). Réussite, échec et abandon dans l’enseignement supérieur. De Boeck Supérieur.
  9. Centre de soutien et d’innovation en pédagogie universitaire. (2025). Principes de la pédagogie de la première année. Université du Québec en Outaouais. https://uqo.ca/csipu/principes-la-pedagogie-la-premiere-annee#:~:text=La%20p%C3%A9dagogie%20de%20la%20premi%C3%A8re%20ann%C3%A9e%20(PPA)%20se%20d%C3%A9finit%20comme,lesquels%20les%20%C3%A9tudiants%20pourront%20construire 
  10. Bonin, S. et Couillard, A. (2023, septembre). Enquête ICOPE 2022- Rapport d’enquête. Direction de la recherche institutionnelle, Université du Québec. https://www.uquebec.ca/dri/publications/rapports_de_recherche/Rapport_enquete_ICOPE_2022_VF.pdf
  11. Ménard, L. (2010). Du cégep au baccalauréat : diversification des parcours et des expériences. Revue des sciences de l’éducation, 36(1), 169–190. https://doi.org/10.7202/043991ar 
  12. Sauvé, L., Debeurme, G., Fournier, J., Fontaine, É. et Wright, A. (2006). Comprendre le phénomène de l’abandon et de la persévérance pour mieux intervenir. Revue des sciences de l’éducation, 32(3), 783-805. https://doi.org/10.7202/016286ar
  13. Soucy, L. et Charbonneau, L. (2012). S’adapter aux étudiants de première session. Le Tableau, 1(5), 1-2. https://pedagogie.uquebec.ca/sites/default/files/documents/numeros-tableau/letableau-v1-n5-2012.pdf
  14. Herling, F. (2014). La motivation des apprenants [image en ligne]. Direction de l’apprentissage et de l’innovation pédagogique- HEC Montréal. https://enseigner.hec.ca/pedagogie/affiches/