PhytoChemia, trois collègues de classe devenus associés

juin 2017

 

 

Grâce aux rencontres qui s’y font, aux nouvelles connaissances qu’on y acquiert et au soutien entrepreneurial qu’on y trouve, l’UQAC est un terreau fertile où germent chaque année les idées innovantes.  Une fois le diplôme en main, il arrive que les diplômés de notre université concrétisent ces idées d’affaires en projets d’entreprises se démarquant sur la scène régionale, nationale et parfois même internationale

C’est le cas du Laboratoire PhytoChemia, fondé en 2013 par Hubert Marceau, Laurie Caron et Alexis St-Gelais, 3 diplômés de l’UQAC au baccalauréat en chimie des produits naturels. Leur entreprise s’est rapidement positionnée comme leader dans l’analyse chimique de produits naturel et fait partie des rares entreprises de la province certifiée par Santé Canada pour effectuer le contrôle de la qualité du cannabis médical et du chanvre industriel. Récipiendaire de nombreux prix et vivant une croissance marquée par l’arrivée de plusieurs nouveaux membres à leur équipe, l’avenir s’annonce florissant pour PhytoChemia!

Samuel Taillon, agent de liaison de l’ADUQAC s’est entretenu avec Hubert Marceau, directeur du développement, cofondateur du Laboratoire PhytoChemia et diplômé de l’UQAC pour en apprendre davantage sur leur histoire.


Monsieur Marceau, merci de participer à  ce portrait de diplômé. Je commencerais cet entretien avec une question qui me brûle les lèvres chaque fois que je discute avec un entrepreneur qui a établi son entreprise : à quel moment vous est venue l’idée de vous lancer en affaire ?

Après avoir discuté entre nous, nous nous sommes rendu compte que nous avions tous des intérêts dans l’entrepreneuriat. Nous avions chacun des raisons différentes, mais nous avions tous le point commun que nous voulions être nos propres patrons. Après en avoir discuté autour d’une table au Baruqac, nous avons décidé de nous lancer, tout simplement, un peu sur un coup de tête. Nous avons donc pris rendez-vous avec le CEE-UQAC, ç’a été notre première action en tant qu’entrepreneur. Par la suite, nous avons cherché des idées pour finalement arriver où nous en sommes présentement.

Quand je m’imagine un laboratoire d’analyse chimique des produits naturels, je pense à un groupe de scientifiques en sarrau, concentré à dissoudre des pétales dans différentes éprouvettes en prenant sérieusement des notes dans un petit calepin. Suis-je assez près de la réalité ou y a-t-il des aspects méconnus du métier de chimiste ?

En fait, à l’exception d’Alexis, nous ne sommes pas dans le laboratoire. Laurie fait beaucoup plus d’administration, la facturation, la tenue de livres et les prévisions budgétaires. Pour ma part, je fais surtout de la relation client et du développement de produits. Nous avons des forces très différentes, mais nous parlons le même langage, alors nous approchons les problèmes avec des angles très variés.

Votre entreprise a fait parler d’elle à mainte reprise ces derniers mois, entre autres pour votre prix au Gala du mérite économique organisé par La Chambre de commerce et d’industrie Saguenay-Le fjord, après avoir été nommé Gagnant national jeunes Entreprises du Prix Desjardins Entrepreneurs, mais aussi dans le magazine URBANIA dans un numéro spécial sur les jeunes entrepreneurs au Québec. Espériez-vous susciter un tel intérêt à l’extérieur du milieu scientifique ?

En fait non, nous ne nous attendions pas à une si belle réception. Expliquer ce que l’on fait à des gens qui ne sont pas en science et qui, dans certains cas,  sont même un peu rébarbatifs, c’est toujours un défi ! On ne se cachera pas que les professions en science fondamentale sont souvent confinées à leur propre environnement alors c’est toujours agréable par la suite de voir que nous sommes capables de susciter de l’intérêt.

PhytoChemia est en pleine expansion à l’extérieur du Canada, notamment aux États-Unis et en Europe. Comment vous y prenez-vous pour faire rayonner votre laboratoire, situé à Jonquière, sur la scène internationale ?

Les réseaux sociaux. Facebook, Instagram, Snapchat, Linkedin, nous tentons d’en utiliser le plus possible. Nous tentons de démontrer ce que nous sommes capables de faire en offrant de l’information aux gens. Nous approchons directement les clients de nos clients, ce faisant nous gagnons en réputation auprès de la population et notre marque devient un gage de qualité et de confiance. Cette stratégie marketing n’est pas courante dans l’univers des laboratoires, mais nous étions en mesure de l’appliquer, car nous visons des marchés de niche où les gens cherchent à comprendre.

Pourquoi avez-vous choisi la région pour établir votre  entreprise ?

Je ne vois pas pourquoi nous serions allés ailleurs. Nous habitons ici et nous avons tout ce qu’il nous faut dans la région. Accessoirement, c’est un point qui nous démarque même des autres laboratoires. Avec les moyens de communication actuels et les compagnies de courrier, les distances sont beaucoup plus relatives qu’avant.

En parcourant votre blog, je me suis aperçu que certains de vos billets permettent de partager de la connaissance sur vos découvertes avec d’autres laboratoires. Ceci m’a surpris puisque vous êtes un laboratoire privé et qu’il s’agit d’expertise qui pourrait vous donner un avantage concurentiel.  Mais cela m’a aussi rappelé les logiciels Open Source en informatique où le code peut être revu, utilisé et amélioré par qui le veut bien. Y a-t-il une dynamique semblable à l’Open Source établi entre les laboratoires privés ?

Relativement peu, mais il faut savoir que beaucoup de laboratoires privés utilisent des méthodes universelles, je pense, entre autres, aux laboratoires environnementaux qui doivent appliquer des protocoles déjà établis et où innover est plus complexe. Notre marché et nos méthodes de travail nous permettent d’innover et le partage de connaissance est en même temps une façon de faire connaître nos capacités. Je ne cacherai pas que nous sommes peut-être parmi les seules à diffuser aussi gratuitement certaines de nos découvertes, mais d’un autre côté, ce que nous diffusons reste une très petite partie de ce que nous faisons. Nous ne considérons pas que de garder pour nous ce genre de données nous donnerait un avantage concurrentiel suffisamment notable pour en priver la communauté.

Merci Hubert d’avoir pris le temps de répondre à nos questions et nous vous souhaitons bon succès pour l’avenir !