Le 12 décembre dernier, Ségolène Vandevelde, chercheuse postdoctorale
du CELAT (Centre de recherche Cultures·Arts·Sociétés) au Département des sciences appliquées (CERM / LabMaTer) et professeure associée au Département des sciences humaines et sociales (LHASO), donnait une conférence au Laboratoire Géosciences Environnement Toulouse (GET) à Toulouse en France. Sa conférence s’intitulait « Archéologie, archéométrie et géosciences pour accéder aux temporalités des activités humaines ».
Anthropologue de formation, Ségolène Vandevelde étudie les dynamiques d’occupation des sites archéologiques par le biais d’une méthode pionnière qu’elle a développée (la fuliginochronologie), laquelle consiste à étudier les traces de suie (prisonnières de concrétions calcaires) comme marqueurs des occupations humaines. Elle s’intéresse également à d’autres traces laissées par les humains du passé, comme les peintures sur les sites ornés du Québec, pour étudier la temporalité de création de ces sites et leur place dans le territoire physique et symbolique des Premières Nations.
Ces recherches, financées par la prestigieuse bourse Banting octroyée à la Dr. Ségolène Vandevelde, sont également intégrées au projet DARQ–Dater l’art rupestre au Québec, financé par une subvention Audace des FRQ (dir. Pr. Paul Bédard et Pr. Erik Langevin, en collaboration avec la Pr. Adelphine Bonneau de l’Université de Sherbrooke).
Résumé de la conférence
« L’étude des sociétés du passé passe par la compréhension de leur organisation sociale, qui influence leur mobilité, perceptible dans les dynamiques d’occupation des sites. Pour analyser ces déplacements sur une base annuelle, les archéologues ont besoin d’une précision temporelle fine, généralement difficile à obtenir à partir des vestiges étudiés. La Dr. Vandevelde travaille donc sur de nouvelles méthodes microchronologiques, capables de fournir des données précises à l’échelle d’une année ou d’une décennie, pour mieux comprendre le quotidien des humains du passé.
Un outil précieux dans ce domaine est l’étude des spéléothèmes (comme les stalactites, stalagmites ou fins encroûtements qui se forment sur les parois). Ces formations géologiques contiennent parfois des laminations annuelles, comparables aux cernes des arbres, qui permettent de mesurer le temps de manière précise. Elles enregistrent également des traces d’activités humaines, comme des pigments ou de la suie, ce qui en fait d’excellents témoins des occupations humaines. En analysant ces traces, il devient possible de savoir combien de fois par an un site était occupé, combien de temps duraient les occupations, à quelle saison elles avaient lieu, et quels étaient leurs rythmes.
Cette approche peut également être adaptée aux sites ornés du Québec. Les croûtes de silice qui recouvrent les peintures des Premiers Peuples peuvent être étudiées pour tenter de savoir quand ces œuvres ont été réalisées, si elles ont été peintes en une seule fois ou progressivement, et si elles ont été entretenues. Ces recherches cherchent aussi à développer de nouvelles techniques pour mesurer le temps écoulé entre différentes phases de peinture. »
