Louis Chaffurin, Pique-Puce
Préface de François Ouellet

La Thébaïde, coll. « L’esprit du peuple », 2022, 230 p.

Louis Chaffurin a fait carrière dans l’enseignement. Angliciste, il a régulièrement donné aux journaux des articles sur des auteurs anglo-saxons qu’il appréciait, comme Thomas Carlyle ou Mark Twain. Après la guerre, il a commencé une thèse de doctorat sur George Eliot, dont on put lire quelques chapitres dans La Grande Revue en 1922. Il a aussi traduit le célèbre conte de Dickens, A Christmas Carol, ainsi que le chapitre consacré aux célébrations de Noël dans The Pickwick Papers (réunis sous le titre Noëls fantastiques, Larousse, 1930).

Romancier, il publie en Pique-Puce en 1928, formidable roman qui a toutes les qualités du roman populiste de l’époque, avec une narration à visée objective nourrie par l’observation attentive de la réalité du peuple. Le héros du roman se trouve dans une opposition morale avec le monde. Car tel est le véritable sujet de Pique-puce : la confrontation de deux visions du monde. C’est l’éternel face à face entre l’ancien et le nouveau, où l’on croit souvent à tort que celui-ci est plus louable puisqu’il marche dans le sens du temps, et donc parce qu’il se confond avec ce qu’on appelle le progrès, cependant que ce n’est là qu’une vue de l’esprit proche parente du sophisme.