Pierre Bost, Faillite
Préface de François Ouellet

Faillite Couv (Page 1)

La Thébaïde, 2013, 207 p.

Ce roman, dont l’édition originale date de 1928, est l’un des plus émouvants de Pierre Bost. Il est ce que Bost appelle un « vrai livre », qui appartient au registre du « grave ». Le personnage central de Brugnon est un homme d’âge mûr qui est une sorte d’homme pressé, l’homme de son siècle. « Siècle des moteurs, siècle des machines, de l’effort brutal mais trompeur, brillant mais vain… » En plein contrôle de sa vie, il ne saurait concevoir qu’un jour il puisse perdre pied. C’est pourtant ce qui lui arrive. « Un mauvais dieu nous guette tous… » : tel est le slogan publicitaire qui accompagne Faillite lors de sa sortie.

Le choix de ce qu’on pourrait appeler une écriture de la maturité fait corps avec Brugnon. Elle confère au texte une valeur objective, à laquelle contribuent la vérité des dialogues et la finesse de l’analyse psychologique, jamais trop appuyée. D’une remarquable densité dans la concision, le réalisme de Bost est implacable, comme Brugnon, entier dans sa passion, est désemparé. Entre les deux, sans dosage excessif, bien calibrée, loge une émotion qui est toute la vérité. C’est ce qu’on appelle du grand art.