Pierre Bost, La matière d’un grand art. Écrits sur le cinéma des années 1930
Recueil d’articles inédits recueillis, présentés et annotés par François Ouellet
Préface de Bertrand Tavernier

couv Bost cinŽma (Page 1)

La Thébaïde, 2016, 400 p.

Les quatre-vingts articles de ce recueil, parus dans Les Annales politiques et littéraires et dans Vendredi, donnent la vision de Bost du cinéma des années 1930, au moment où ce dernier devient une composante majeure de la culture de masse. Bost souhaite que le septième art devienne un grand art, tout court.

L’ouvrage est divisé en trois parties. Les trente-sept articles rassemblés dans la première partie se suivent chronologiquement. Ce sont des critiques de films, mais où Bost fait la part belle à divers aspects du cinéma, qu’il s’agisse du montage, de la direction d’acteur ou de préoccupations propres à l’époque, comme celle du théâtre filmé. La deuxième partie, de loin la plus mince, offre quelques perspectives spécifiquement ciné- matographiques (le film en couleurs et les versions non sous-titrées, la censure et les prix), lesquelles font par ailleurs l’objet de commentaires ponctuels dans d’autres articles. Dans la troisième partie, trente-huit critiques de film ont été regroupées en duos, la plupart du temps autour d’un cinéaste. Des notes accompagnent au besoin certains titres de films et sont consa- crées aux quelques acteurs et actrices qui reçoivent ici une attention particulière.

Extraits de la préface de Bertrand Tavernier

« À commencer par le style qui est ici fort, ramassé, clair. Bost aime la langue française et s’en sert admirablement. La construction des phrases, le vocabulaire, cette manière de rendre une pensée évidente et précise, sans acrobatie verbale, procurent une sorte de jubilation et pourraient servir d’exemple – et faire honte – à nombre de folliculaires contemporains. Un style, une pensée, exempts de toute perfidies, de toutes rancœurs. […] Plusieurs articles sont prémonitoires. Tous ceux qui touchent à la censure, aux films invisibles. Il suffit de remplacer certains termes pour se retrouver en pleine actualité. S’il souligne la très grande qualité de certains films français, il déplore la terrible médiocrité de la production moyenne : “Des œuvres bâclées, faites sans intelligence et sans goût, une extrême vulgarité dans le choix des sujets, une maladresse insultante dans la conduite des acteurs.” […] Pour Bost, critiquer, c’est explorer, essayer de comprendre, en se trompant parfois, en tâton- nant. Les films sont présumés innocents et il lui arrive de défendre ou de trouver des qualités à une œuvre d’un cinéaste qui jusque-là ne l’a guère impressionné… »