Mercredi 9 mai 2018 – UQAC – Chicoutimi, Québec
Colloque 503 : L’éducation à la religion, le développement spirituel et les fondamentalismes à l’école laïque
Argumentaire
Depuis près d’une vingtaine d’années, quelques pays ont choisi d’offrir une formation culturelle (c’est-à-dire non confessionnelle) aux faits religieux. On retrouve notamment ce type d’enseignement culturel du fait religieux, offert de façon optionnelle ou obligatoire, en Espagne, dans certains cantons suisses ou au Québec. Cet enseignement du phénomène religieux soulève toutes sortes d’enjeux aujourd’hui : la formation des enseignants, leur posture éthique, la prise en compte de la diversité des pratiques et des convictions, la tension entre science et croyances, etc.
Cette formation religieuse non confessionnelle pose en particulier des défis inédits en ce qui concerne la posture des enseignants. Généralement invités à faire preuve de « neutralité », les enseignants se trouvent de facto confrontés à différentes manifestations de croyances en classe qui mettent à l’épreuve au quotidien ce devoir d’objectivité et d’impartialité. En outre, les enseignants sont eux-mêmes porteurs de diverses convictions dont ils doivent limiter l’effet sur leur enseignement.
Les enseignants sont aussi interpellés par les croyances plurielles des enfants ou de leurs parents, notamment celles qu’on peut qualifier de « fondamentalistes » ou « radicales » ; ces croyances peuvent d’ailleurs être religieuses ou non (ex. négation de divers savoirs scientifiques au profit d’une conception religieuse, promotion d’une idéologie xénophobe, homophobe ou complotiste, etc.).
Cette « neutralité » peut aussi se trouver questionnée sous d’autres angles par la quête spirituelle d’élèves, susceptible de déstabiliser l’enseignant « neutre » de culture religieuse. Pourtant, de nombreux systèmes éducatifs reconnaissent la nécessité de favoriser le développement spirituel des élèves. Dans quelle mesure une école laïque peut-elle encourager le développement spirituel de ses élèves ? Et quel est ou devrait être le rôle des enseignants de culture religieuse dans ce développement ?
Programme:
8h30-11h00
Les « fondamentalismes » sur le terrain : état des lieux en France, au Québec et en Suisse
La neutralité des enseignants français dans les collèges publics : quelle objectivité face à ses propres croyances et celles des élèves ?, Charlène Ménard, Université Lyon 2 (France)
Analyse des stratégies d’enseignement du modèle « d’impartialité pédagogique critique » : distance critique et professionnalisme auprès d’étudiant(e)s ayant des positions fondamentalistes, Stéphanie Gravel, Chercheure indépendante et chargée de cours, Université de Montréal
Fondamentalisme islamique et théories du complot à l’école : analyse comparée des discours et pratiques d’enseignants et d’élèves français et suisses, Sybille Rouiller, Université de Lausanne et Haute École Pédagogique du canton de Vaud (Suisse)
Gestion des fondamentalismes religieux au collège : arbitrages et tensions entre catégorisations et logiques d’action, Émilie Pontanier, post-doctorante laboratoire ECP, université Lyon2 (France)
11h-12h30
Des pistes pédagogiques pour aborder les croyances plurielles, prévenir les crispations (1re partie)
Favoriser le dialogue autour des faits religieux ou comment pallier aux paradoxes du système scolaire français, Évelyne Barthou, Passages (CNRS, UPPA et Université de Bordeaux) et Centre Emile Durkheim (CNRS, Sciences Po Bordeaux et Université Bordeaux)
La gestion des croyances à l’école laïque : un point de vue éthique, Isabelle Gallard, UQAR
Comment gérer les interférences des religions dans la vie scolaire ?, Christine Fawer Caputo, Haute École pédagogique Vaud (Suisse) (formation des enseignants)
LUNCH
13h30-14h45
Des pistes pédagogiques pour aborder les croyances plurielles, prévenir les crispations (2e partie)
Aborder en classe les préjugés à l’endroit des personnes musulmanes ou reconnues comme telles. Mise sur pied et expérimentation du guide pédagogique « QuébécoisEs, musulmanEs… et après ?, Mathieu Lizotte, UQTR
Comment aborder la « radicalisation » en Éthique et culture religieuse? Enjeux épistémologiques et pédagogiques, Stéphanie Tremblay, UQAM
14h45-16h45
L’enjeu du développement de la spiritualité
La spiritualité au service du sujet éthique, Denis Jeffrey, Université Laval
Quelle formation pour quelle spiritualité? Les enjeux de formation de la profession enseignante face à l’intégration du spirituel dans les écoles primaires du Québec, Jacques Cherblanc, UQAC
Le développement spirituel et l’enjeu du vivre-ensemble sur Terre dans le cadre du service d’animation spirituelle et d’engagement communautaire, au primaire et au secondaire au Québec, Virginie Boelen, UQAM
De la violence à l’école au repli social. Comment discerner, lors de la construction identitaire, la crise adolescente de la crise spirituelle ?, Keira Mecheri, Université Paris Sorbonne-Cité (France)
Responsables du colloque :
Jacques Cherblanc, professeur, département de sciences humaines et sociales, UQAC
Stéphanie Tremblay, professeure, département de sciences des religions, UQAM