Le président de l’Université du Québec (UQ), Alexandre Cloutier, le recteur de l’UQAC, Ghislain Samson ainsi que l’ensemble des dirigeant(e)s du réseau de l’UQ, ont cosigné une lettre publiée dans Le Devoir le 13 mars, insistant sur la nécessité de bâtir un rempart contre les dérives autoritaires alors que les attaques contre les universités américaines se multiplient.
«Depuis l’investiture du président Trump aux États-Unis, les attaques contre les universités ont pris une ampleur inédite. En quelques semaines à peine, nous avons assisté à la criminalisation du droit de manifester allant jusqu’à l’arrestation ou à la menace d’expulsion du pays d’étudiants et de professeurs, à l’instauration d’une liste de mots prohibés dans les projets de recherche, aux tentatives de licenciement de milliers de personnes dans les organismes de financement de recherche et à plusieurs autres attaques troublantes sur la science et l’enseignement supérieur.
Ces décisions compromettent l’existence même des universités. Dans ce contexte, le Québec a l’occasion de réaffirmer qu’il est un lieu unique où la libre pensée est soutenue par la loi sur la liberté et l’autonomie universitaire et de miser sur ce trait distinctif. Il nous appartient de rappeler que cet engagement est un rempart contre l’atrophie de la pensée critique.
Depuis des siècles, les universités ont joué un rôle central dans l’éclairage des grands enjeux de société. Elles ont constamment remis en question les dogmes. Aujourd’hui encore, face à la montée des « vérités » parallèles, elles ont la responsabilité de nourrir une réflexion rationnelle sur les dynamiques en cours, qu’elles soient politiques, économiques ou sociales.
Car au-delà de la recherche et de l’enseignement, l’université exerce une fonction fondamentale dans la construction d’une société informée. Elle est un espace où l’on apprend à confronter des arguments et à bâtir des raisonnements fondés sur des données probantes. Toute dérive autoritaire qui met en péril cette mission représente une menace non seulement pour l’enseignement supérieur, mais pour l’ensemble des institutions démocratiques.
Ce rôle de rempart contre les conformismes ne peut par ailleurs s’accomplir pleinement que si l’université est un espace accessible. À l’Université du Québec, près d’un étudiant sur deux est la première personne de sa famille à fréquenter l’université. Offrir à ces milliers d’étudiantes et d’étudiants un lieu où ils peuvent analyser le monde est une responsabilité fondamentale et un legs majeur de la Révolution tranquille. Dans un contexte où les discours trompeurs gagnent du terrain, il est essentiel de permettre à chacun d’avoir la possibilité d’élargir ses horizons.
Plus que jamais, nous avons besoin que la communauté universitaire s’engage à promouvoir la mission de l’université par ses actions. En temps d’exception, comme plusieurs l’ont fait au moment de la pandémie de COVID-19, les universitaires doivent contribuer avec rigueur au débat public en mettant leur expertise au service de la collectivité, en publiant leurs résultats de recherche et en assurant leur diffusion par tous les canaux. C’est en incarnant pleinement la mission de l’université que les universitaires nous aideront à trouver les repères nécessaires pour traverser ces temps troubles.»