Mobiliser les collectivités, c’est là toute la force de Doreen Picard. Son parcours est une véritable aventure dans une mission d’aide et de valorisation au service des communautés autochtones. Mais pour que celles-ci puissent s’épanouir dans l’autonomie et l’harmonie, il est essentiel de miser sur le développement économique de leurs membres pour dynamiser le marché du travail. C’est cette conviction qui a poussé Doreen Picard à entreprendre un baccalauréat en administration à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), duquel elle a diplômé en 2009. Elle est actuellement directrice générale à Wapikoni Mobile. Elle-même issue de la communauté innue de Pessamit, elle met un point d’honneur à maintenir une connexion authentique avec les gens.
Une carrière axée sur l’impact
La carrière de Doreen Picard commence dans le développement économique auprès de la Commission de développement économique des Premières Nations du Québec et du Labrador (CDEPNQL). Elle crée ensuite sa propre entreprise, Prospéra, et apprécie la liberté que lui offre l’entrepreneuriat. Elle se perçoit comme une gestionnaire de projets plutôt qu’une conseillère : pour elle, le développement économique prend la forme de projets, qu’elle doit mener à travers différentes étapes du début à la fin. Au bout de cinq ans en affaires, l’un de ses clients, la Commission de développement des ressources humaines des Premières Nations du Québec (CDRHPNQ) l’embauche. Elle y coordonne le portrait de la main-d’œuvre locale, et participe à la création d’un guide en employabilité pour augmenter le nombre de métiers non traditionnels chez les Autochtones.
Partenaire du projet, la Commission de la construction du Québec (CCQ) se l’arrache à son tour! Depuis plus de six ans, Doreen Picard a agi comme chargée de projets, toujours guidée par l’objectif d’avoir un impact concret. Pendant cinq ans, elle mène une démarche collaborative avec les partenaires pour élaborer un plan d’action majeur visant à faciliter l’intégration des Premières Nations et des Inuit dans l’industrie de la construction, en consultant les communautés autochtones. Ce travail colossal lui permet d’affiner sa capacité à mobiliser et à créer des ponts entre les différents acteurs de l’industrie de la construction, tout en composant avec les facteurs réglementaires, légaux et culturels des Autochtones.
Parallèlement, elle se dit qu’il est temps de mettre ses connaissances à jour. Tout en travaillant sur le plan d’action pour la CCQ dont elle compare l’ampleur à un doctorat, Doreen Picard complète une maîtrise en administration des affaires (MBA) délivrée par McGill et HEC Montréal, qu’elle obtient cette année, en 2025.
« Maintenant [que] je travaille pour la Commission de la construction du Québec, je suis rendue quelqu’un avec beaucoup de bagage, [ce] qui peut faciliter une meilleure compréhension des réalités autochtones à mes collègues de travail. […] Je me considère plus comme une leader que quelqu’un qui va être dans un poste de direction. J’utilise beaucoup mon leadership pour influencer », explique-t-elle.
En parallèle, elle sent qu’il est temps de mettre à jour ses connaissances. Tout en orchestrant le plan d’action pour la CCQ — dont elle compare l’ampleur à celle d’un doctorat — Doreen Picard complète un EMBA (Executive MBA) McGill-HEC Montréal en 2025. Le programme du EMBA est une maîtrise en administration des affaires structurée et conçue spécialement pour les gestionnaires d’expérience, très sollicités et motivés par leur développement personnel et leur leadership.
À la suite du lancement du Plan d’action pour l’inclusion des Premières Nations et des Inuit dans l’industrie de la construction, elle confie ce plan historique à une relève autochtone pour en assurer la mise en œuvre. Elle souhaite désormais relever de nouveaux défis, notamment celui d’occuper le poste de directrice générale de Wapikoni mobile, dont la mission est de contribuer au développement personnel, créatif et professionnel des membres des Premiers Peuples, ainsi qu’à l’affirmation de leurs communautés par la création audiovisuelle.
Une formation qui ouvre des perspectives
Sa formation à l’UQAC lui a donné une vision globale du monde des affaires, lui permettant d’acquérir les connaissances pour développer et analyser des projets, qu’il s’agisse d’études de fiscalité ou de marché. Elle se rappelle en outre la variété des domaines couverts, allant des ressources humaines au droit des affaires, en passant par la comptabilité et la fiscalité… les cours les plus difficiles du baccalauréat! Heureusement, elle peut compter sur le soutien du Centre des Premières Nations Nikanite : « Ce que j’ai vraiment aimé de l’UQAC, c’est que c’est une petite université. Quand on est membre des Premières Nations, je trouve qu’on peut créer facilement des liens avec les personnes étudiantes aussi. […] J’ai eu beaucoup de soutien de la part de l’université. Quand j’avais des difficultés, […] j’avais du soutien du centre Nikanite. C’est très positif qu’on puisse aider des étudiants Premières Nations pour cheminer et réussir », se rappelle-t-elle, reconnaissante de la proximité des services. De plus, elle passe beaucoup de temps au pavillon sportif, car comme elle le dit : « J’ai besoin de faire du sport pour réussir! ».
Désormais, Doreen Picard est revenue à Pessamit après 35 ans passés à travailler à l’extérieur de sa communauté. Travailler de sa patrie lui permet de renouer avec ses racines tout en poursuivant son engagement. Pour elle, le leadership ne rime pas avec direction, mais avec influence. Elle continue d’utiliser ses compétences développées à l’UQAC pour favoriser une meilleure compréhension des réalités autochtones. Doreen Picard est résolument une bâtisseuse de ponts entre les Autochtones et les allochtones.



