Originaire de Mashteuiatsh, David Cleary est profondément ancré à ses racines familiales qu’il porte aujourd’hui en lui comme un héritage à préserver. Entouré par les forêts et les cours d’eau, sur ses terres ancestrales, c’est en harmonie avec la nature qu’il souhaite contribuer à pérenniser les ressources naturelles du territoire des Premières Nations, une mission qu’il endosse depuis 17 ans grâce à son rôle de conseiller en gestion de la faune et de l’environnement pour la nation ilnu de Mashteuiatsh (Pekuakamiulnuatsh Takuhikan).
Avant d’entamer un retour aux études au certificat en biologie à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) en 2001, David se questionne sur son avenir, ne sachant trop de quoi sera fait demain. « À cette époque, j’étais dans une sorte de quête identitaire. J’ai donc décidé d’aller en Ontario pour y travailler sur une ferme et m’impliquer dans la communauté dans le théâtre et les danses traditionnelles. Je savais à ce moment que je devais penser à mon avenir, mais je n’avais jamais envisagé de faire des études, ça ne semblait pas être une possibilité pour moi », se confie-t-il.
À son retour au bercail, il décide finalement de tenter sa chance et de faire une demande d’inscription à l’UQAC. « Comme je n’avais pas fait d’études collégiales, je devais faire une demande pour être accepté au programme sur une base adulte. C’est le directeur du baccalauréat en biologie, André Francoeur, qui m’a tendu une perche en me proposant de faire les cours complémentaires du cégep en compensation, et ce, à condition que j’obtienne une moyenne de B dans tous mes cours », se souvient-il.
Un retour sur les bancs d’école
En raison de son absence prolongée sur les bancs d’école, les premiers mois à l’université s’avèrent plus ardus. Sa rigueur ainsi que sa volonté de réussir lui permettent finalement de découvrir en lui des capacités d’apprentissage ainsi qu’une force intérieure qui lui inspirent confiance pour le futur.
En 2003, il décide de continuer sur cette même lancée et s’inscrit au baccalauréat en biologie. Il y fera la rencontre du professeur Pascal Sirois de l’UQAC qui l’initiera à l’écologie aquatique. « Pendant trois étés, j’ai travaillé au laboratoire d’écologie aquatique et j’ai eu la piqûre pour ce domaine alors qu’au début, j’aimais beaucoup la foresterie et les mammifères », ajoute David.
Un cheminement qui le ramène à ses racines
Son diplôme en poche, David se lance un défi qu’il n’avait jamais envisagé relever: celui de poursuivre à la maîtrise. « Pascal Sirois m’a donné l’opportunité de faire une maîtrise en travaillant sur l’ensemencement à l’éperlan dans le lac Saint-Jean et le Saint-Laurent. J’ai pu y [acquérir] des connaissances sur la pêche qui sont essentielles aujourd’hui dans mon travail pour les populations de poissons et le respect de la faune ».
Ses études à la maîtrise à l’UQAC lui ont par ailleurs permis de gagner en confiance et en connaissances, lui fournissant des outils de travail pour recueillir l’information sur le terrain et obtenir des sources fiables sur papier.
« Ce que j’aime par-dessus tout, c’est travailler pour ma communauté et toucher à plusieurs volets de l’environnement en lien avec les activités traditionnelles comme la chasse et la pêche. Je suis parfois sollicité par d’autres organismes comme Autochtone formé dans le domaine de l’environnement et j’ai la chance de travailler avec d’anciens camarades de classe ou des professeurs qui sont aujourd’hui mes vis-à-vis sur des comités ou au ministère », termine-t-il.
En prenant la décision de se replonger dans ses livres, David a pu enfin trouver sa voie. Malgré les détours et les remises en question, l’université lui a permis de trouver sa place, en relation avec sa communauté et en communion avec la nature, comme une boussole le ramenant à des racines profondément ancrées en lui.