La parole détournée (XVIIIe au XIXe siècle)
Si le premier axe s’intéresse d’abord à des documents « historiques », le second vise à expliciter la mise à profit rhétorique et plus spécifiquement littéraire de la « parole autochtone ».
La recherche sur la littérature de la Nouvelle-France et sur les premiers romans québécois a suggéré déjà que la figure du « sauvage », lorsqu’elle n’est pas simplement prétexte, comme chez Lahontan, à une critique voilée du pouvoir, est souvent mise au service de l’affirmation identitaire, voire de la glorification du colonisateur.
L’amérindien y est dépouillé de toute existence propre et sa mise en scène y est soumise aux multiples conditionnements contextuels, intertextuels, paratextuels, génériques ou encore esthétiques de la littérature francophone colonisatrice.
Cependant, l’Autochtone y est présenté comme un double symbolique de la collectivité allochtone qui l’énonce et s’en distancie pour mieux se l’approprier ; cette distanciation permet d’associer la figure du « sauvage » au passé, mettant de l’avant son animalité, laquelle peut être appropriée et transcendée par le Canadien français.
Mais qu’en est-il de la parole amérindienne dans cette littérature en voie de constitution? Selon quelles modalités linguistiques, rhétoriques et axiologiques est-elle mise en scène ? Quel est son être discursif au sein de ce corpus constitué de romans, dialogues et récits de voyage ? Fait-elle également l’objet d’une fascination, d’une réappropriation au profit du colonisateur, ou devient-elle le double spectral d’une parole francophone fantasmée ?
- La parole déformée (XVI au XVIIIe siècle)
- La parole détournée (XVIIIe au XIXe siècle)
- La parole étouffée (XIXe au XXe siècle)
- La parole réappropriée (XXe au XXIe siècle)