La parole étouffée (XIXe au XXe siècle)
On évoque souvent, dans la tradition littéraire comme dans les documents historiques, le silence de l’amérindien, perçu comme menaçant et accusateur, mais il conviendrait de réfléchir aussi aux motifs de ce silence.
Certes, il peut s’agir d’un expédient pour déstabiliser son interlocuteur, ou marquer son refus de collaborer. Cependant, l’absence de parole peut aussi trouver à s’expliquer, par exemple, à travers la stigmatisation, la marginalisation et l’étouffement progressif des cultures autochtones, et notamment autour de 1876, date à partir de laquelle l’entreprise d’assimilation est normalisée, légalisée et institutionnalisée.
Ce silence peut résulter également, et plus simplement, d’une désaffection pour cette parole de l’Autre qui, après avoir été tour à tour mécomprise et récupérée, se trouve désormais reléguée à l’espace fermé des réserves ou des pensionnats autochtones.
Le troisième axe de notre projet vise, à travers l’analyse du discours social (au sens où l’entend Marc Angenot, c’est-à-dire « tout qui se dit ou s’écrit dans un état de société »), et notamment des témoignages des victimes elles-mêmes, à prendre la juste mesure des circonstances socio-historiques, linguistiques et littéraires qui ont pratiquement réduit au silence la parole amérindienne.
- La parole déformée (XVI au XVIIIe siècle)
- La parole détournée (XVIIIe au XIXe siècle)
- La parole étouffée (XIXe au XXe siècle)
- La parole réappropriée (XXe au XXIe siècle)