objectifs


Objectifs scientifiques

En proposant un renversement de l’objet d’étude qui, des écrits francophones concernant l’être amérindien – des écrits tant utilitaires que littéraires, tant anciens que modernes, tant Allochtones qu’Autochtones – extrait une parole altérée, ce projet de recherche ambitionne un double renouvellement des connaissances, à la fois de celles des textes écrits et de la parole autochtone.

La question de la représentation littéraire avait déjà permis de distinguer, dans les relations missionnaires ou des récits d’exploration de la Nouvelle-France, l’amérindien de sa figure, ouvrant à des lectures plus critiques de ces « témoignages ». Notre proposition d’« archéologie » souhaite dépasser cette question proprement littéraire et exhumer, d’un corpus plus large, les traces d’une parole affranchie de l’écriture et de l’histoire occidentale.

Ce projet innove également en ce qu’il approche cette parole tant par les écrits de l’Autre que par ceux de la modernité amérindienne, abordant autant le traumatisme du conditionnement de cette parole que la complexité de sa résurgence. Cette Parole, encore singulière dans le libellé de notre projet, a pour vocation d’être envisagée dans sa pluralité et ses nuances. La parole exhumée doit être développée. L’accès à la parole visée se veut un accès à l’être et à sa culture et ce projet ne peut être pensé hors d’une collaboration avec les recherches ethnologiques et culturelles attachées à l’étude des Premières Nations. Cette parole exhumée n’a pas – et ne peut pas avoir – vocation de devenir une pièce de musée, elle doit être recueillie et accueillie par un large ensemble de la communauté intellectuelle comme l’objet de nouvelles responsabilités et de nouveaux questionnements.

L’ambition d’une parole « vive » offre ainsi une rupture théorique majeure par rapport aux recherches littéraires, linguistiques, historiques, anthropologiques des quarante dernières années en visant, par le texte, « au-delà » des textes relatifs à l’être amérindien.

Notre programmation est « stratégique » dans le mesure où elle ambitionne de servir la communauté des chercheurs en même temps que les Premières Nations par :

  • l’établissement des corpus extensifs de textes francophones d’Amérique du Nord relatifs à la parole autochtone, ses particularités, sa vision du monde;
  • la caractérisation dans les corpus à l’étude des éléments rhétoriques, linguistiques, sociolinguistiques, ethnologiques propres d’une parole affranchie de la médiation allochtone;
  • la revitalisation de cette  parole au moyen de son analyse, de sa restitution, de sa promotion.