Mot du vice-recteur
« Du savant comme du poète, c’est la pensée désintéressée que l’on entend honorer ici » – Saint-John Perse
Le but de l’éducation, selon Aristote, est de nous permettre de faire un usage noble de notre temps libre. Voilà qui va à l’encontre de la pensée pragmatique qui prévaut aujourd’hui, selon laquelle le but de l’éducation est surtout de nous faciliter l’accès au marché du travail. Et lorsqu’on se souvient que le mot « travail » vient du latin « tripalium » qui veut dire « instrument de torture », on constate à quel point on s’est éloigné de l’esprit du grand fondateur du Lycée.
Sans prôner une éducation élitiste limitée aux personnes n’ayant pas besoin de travailler, l’Université du Québec à Chicoutimi souhaite proposer une approche humaniste inspirée de celle qui est à l’origine de notre système éducatif. Pour y arriver, il est impérieux de distinguer deux notions : d’une part, la formation, qui nous aide à développer des habiletés nous permettant de « vivre » adéquatement à l’intérieur d’un système social; d’autre part, l’éducation, qui transcende les systèmes et dont le but est de nous permettre de « bien vivre » dans le monde. L’étudiant est considéré ainsi dans son ensemble, non seulement en tant que futur employé, mais surtout en tant que citoyen à la recherche d’un savoir susceptible de le mener au bonheur. La question d’un avenir professionnel est importante, certes, mais elle ne devrait pas réduire l’éducation à un simple moyen pour satisfaire les demandes du marché. Comprendre cela, c’est comprendre ce qu’Aristote voulait dire en parlant d’un usage noble de notre temps libre. S’éduquer pour devenir de meilleures personnes et pour rendre notre société meilleure, telle est la mission de l’Université populaire de l’UQAC.
Mustapha Fahmi, Ph. D.
Vice-recteur à l’enseignement, à la recherche et à la création