La rétroaction : un outil permettant de « nourrir » les apprentissages
Selon Lambert et ses collègues (2009), Leroux (2014) et le CTREQ (2016), la rétroaction peut être définie comme une information qui est transmise de l’enseignant·e à l’apprenant·e, qui porte sur les apprentissages développés (travaux rendus, compétences démontrées, etc.) et qui peut être réalisée tant dans un contexte formel, qu’informel. Ces auteurs partagent également, dans leur vision de la rétroaction, que celle-ci est utilisée comme un facilitateur, un levier contribuant au développement des apprentissages. Il importe toutefois de retenir les propos de Boucher (2015) qui suggère que la rétroaction peut devenir un prétexte de dialogue entre l’enseignant·e et l’apprenant·e. De ce fait, ce n’est pas uniquement à la personne formatrice de partager ses observations et ses conseils, mais il revient aussi à l’étudiant·e de réfléchir et d’échanger sur ses besoins, ses défis, etc.
Boucher, en 2015, présentait les caractéristiques de la rétroaction qui sont des pistes d’amélioration concrètes, des informations concernant les forces, les défis, les acquis et les réussites de l’étudiant·e, et ce, sans inclure de jugement (CTREQ, 2016). Ainsi, on ne doit pas donner de rétroactions basées sur des caractéristiques de l’apprenant·e (tu es bon·ne, mais bien en se basant sur les actions posées (tu as bien réussi à mettre en lumière les éléments clé des notions vues en classe dans ta carte conceptuelle) (CTREQ, 2016), l’objectif étant de « nourrir1 » les personnes étudiantes en leur donnant des informations qui leur permettront de s’améliorer (Bélec et Richard, 2019; Cabot, 2017), de réduire la distance séparant ce qu’elles sont en mesure de faire à un moment précis et ce dont on s’attend d’elles à la fin du cours ou de la formation (Bélec et Richard, 2019; Cabot, 2017). Gibbs et Simpson, en 2005, avançaient même le fait que, pour certaines personnes, la rétroaction serait l’élément ayant le plus d’influence sur les apprentissages et sur la réussite.
Bélec et Richard (2019) ont étudié de nombreux documents leur ayant permis de dresser une liste plus précise de caractéristiques que l’on peut associer à la rétroaction. Ainsi, les rétroactions doivent présenter des points forts et également des éléments constituant des défis par rapport aux réalisations de l’étudiant·e. Les rétroactions sont également un excellent prétexte pour suggérer des améliorations ou des pistes sur les stratégies à adopter pour réussir (idem). Finalement, une bonne rétroaction devrait contenir des références aux objectifs du cours, indiquer ce que l’étudiant·e doit faire pour les atteindre et favoriser l’autorégulation en engageant l’étudiant·e dans une démarche d’évaluation de ses propres stratégies (idem).
Finalement, il importe de savoir que la rétroaction peut être réalisée sous de nombreuses formes allant de la rétroaction verbale lors d’une discussion avec l’étudiant·e à des commentaires réalisés lors des corrections en passant par l’enregistrement de capsules vidéos ou audios ou en mélangeant tous ces types (on parle alors de rétroactions multi types).
——
1 Cabot (2017) réfère à la traduction du mot « feedback » dont le préfixe signifie littéralement nourri. Selon lui, ce terme permet réellement d’imager l’apport de la rétroaction
Références
Bélec, C. et Richard, É. (2019). La rétroaction multitype : Rapport de recherche PAREA. Cégep Gérald Godin – Campus Notre-Dame-De-Foy. https://eduq.info/xmlui/bitstream/handle/11515/37855/belec-richard-retroaction-multitype-gerald-godin-cndf-parea-2019.pdf
Boucher, C. (2015). La rétroaction : élément phare pour l’apprentissage de nos étudiants. Le Tableau : Échange de bonnes pratiques entre enseignants de niveau universitaire, 4(3). https://pedagogie.uquebec.ca/le-tableau/la-retroaction-element-phare-pour-lapprentissage-de-nos-etudiants
Cabot, I. (2017). Application et évaluation du feedback audiovidéo personnalisé. Rapport de recherche PAREA. Cégep de Saint-Jean-sur-Richelieu. https://eduq.info/xmlui/bitstream/handle/11515/35238/cabot-feedback-audiovideo-personnalise-cstj-PAREA-2017.pdf
Centre de transfert pour la réussite éducative du Québec (CTREQ). (2016). Comment et pourquoi donner de la rétroaction aux élèves? Réseau d’information pour la réussite éducative. https://rire.ctreq.qc.ca/retroaction-guide/
Gibbs, G. et Simpson, C. (2005). Conditions Under Which Assessment Supports Learning, Learning and Teaching in Higher Education, 1, 3–31. https://eprints.glos.ac.uk/3609/
Lambert, M., Rossier, A. et Daele, A. (2009). Le feedback aux étudiant-e-s. Didactique universitaire. Université de Lausanne. https://pedagogieuniversitaire.files.wordpress.com/2009/08/memento_feedback_29juillet2009_vl.pdf
Leroux, J. L. (2014). Évaluer pour faire apprendre. Dans L. Ménard et L. St-Pierre (dir.), Se former à la pédagogie de l’enseignement supérieur (p.333-353). Chenelière-Éducation.