Se sentir en sécurité

 
 
 

Jean St-Onge et Alexandre Pinette
Innus
Rivière Moisie, Uashat mak Mani-Utenam

Extraits du film «Indian Time» (2016) de Carl Morasse, produit par La BRV.

 
 

Une démarche de transmission culturelle repose sur la confiance. Confiance en soi, confiance en l’autre. Les Premiers Peuples du Canada partagent une longue et douloureuse histoire. Les politiques assimilatrices, la volonté d’éradication de la culture, le tragique épisode des pensionnats et la destruction des liens de famille ont laissé de profondes cicatrices. Toutes ne sont pas refermées.

Les chercheurs qui envisagent de réaliser un projet avec des communautés autochtones doivent savoir reconnaître les répercussions de ce passé sur les conditions de vie actuelles de leurs partenaires. Ils doivent faire preuve de ce que l’on nomme la « compétence culturelle ». Cette attitude permet d’établir avec les détenteurs de savoirs autochtones un rapport égalitaire fondé sur un engagement sincère sur les plans affectif, cognitif et comportemental, ainsi que sur une réelle volonté de réconciliation et de justice sociale.

La compétence culturelle contribue à transformer la méfiance en confiance. Elle crée un environnement de recherche dans lequel les individus et les communautés évoluent à l’abri des stéréotypes et des préjugés, du paternalisme et du racisme. Elle trace la voie de la concertation à travers l’échange. Elle confirme à toutes les personnes impliquées que leur participation active est non seulement souhaitée, mais essentielle, et que leur parole sera entendue. Elle installe un climat d’ouverture et de respect, indispensable au renforcement et à l’expression identitaire des Premiers Peuples et à la transmission de leur culture. Elle leur permet de devenir, en toute sécurité, les auteurs et les acteurs de leur vie.