Établir des connexions et se mettre en réseau

 
 
 

Della Adams
Kanien’kehá:ka
Akwesasne

Extraits du film «Indian Time» (2016) de Carl Morasse, produit par La BRV.

 
 

Tout est connecté. Les situations personnelles et les phénomènes sociaux ont parfois plus d’une cause. Se limiter à l’une d’elles, ne considérer qu’un angle d’approche, peut restreindre le nombre de solutions possibles et leur efficacité. Sortir des sentiers battus ouvre de nouvelles pistes. Faire des liens permet de dénouer plusieurs impasses.

Le décloisonnement des disciplines, le partage des ressources, le croisement des compétences, la rencontre des générations, l’addition des points de vue, l’accès à des modes de pensée différents et l’ouverture à la créativité multiplient les chances d’obtenir de meilleurs résultats, souvent étonnants. Ils traduisent le besoin d’interconnectivité.

L’interconnectivité se caractérise par la reconnaissance que toute chose fait partie d’un tout. Elle témoigne d’une vision holistique chère aux Premiers Peuples. Elle illustre une attitude importante en recherche autochtone : la prise en compte que la complexité et l’interdépendance des multiples aspects d’un projet commandent une intervention concertée et influencent ses retombées potentielles.

Établir et maintenir des collaborations entre les secteurs d’expertise n’est pas toujours facile, mais cette démarche s’avère essentielle. Aborder une problématique par sa dimension sociale, sans prêter attention, par exemple, aux considérations économiques, réduira les chances de succès. Élaborer un plan d’action en érigeant des barrières entre les champs disciplinaires pourra mener à des réponses incomplètes et, au total, inappropriées. Au contraire, la combinaison des perspectives générera des interactions inédites qui se traduiront par un niveau élevé d’observation, d’analyse et de contribution scientifique.

Le réseautage

Les Premiers Peuples du Canada pratiquent le réseautage depuis des millénaires. De tout temps, des sentiers traversaient le territoire et menaient à des lieux de rassemblement où se créaient des rencontres, des échanges et des alliances. La recherche autochtone puise à cet héritage.

Le réseautage repose sur l’établissement de partenariats forts et vivants. Il se réalise par la création de liens fructueux et pérennes, l’organisation d’activités favorisant la mise en relation et la discussion, l’implantation d’espaces de transfert d’expertise et la multiplication de plateformes d’information et de communication. Ainsi vécus, les partenariats deviennent autant d’occasions de porter des regards croisés sur des enjeux et des questionnements. Ils décuplent les retombées d’un projet ou d’une recherche en inspirant d’autres communautés ou nations.

La connaissance est un bien collectif; l’expérience, une richesse à partager; l’échange, un geste d’ouverture et de générosité. L’interconnectivité et le réseautage constituent autant de voies qui mènent au développement. Emprunter un sentier, c’est aussi l’ouvrir aux autres.