Les petits gestes de la grande concertation

Aller à la rencontre de l'autre

La concertation va bien au-delà de la simple consultation, cette dernière ne garantit en rien que les recommandations proposées se traduisent concrètement. La concertation est un engagement auquel souscrivent deux ou plusieurs parties en vue d’atteindre un objectif mutuellement profitable. Mais un tel engagement ne coule pas de source. Chaque participant qui y participe doit agir avec sincérité et ouverture. Il doit tenir compte de l'apport nécessaire de chacun au développement des autres et accepter que chacun est nécessaire au développement des autres et accepter d’être transformée par l’exercice, au même titre que ses partenaires. La concertation est une expérience humaine, un apprentissage collectif avec ses doutes, et elle se construit au fur et à mesure du projet avec une confiance grandissante. C’est un sentier que l’on trace ensemble avec comme destination le mieux-être et l’autonomie.

Réaliser une véritable concertation

La concertation est la clé maîtresse de toute démarche de transmission culturelle. Elle ouvre la porte à la participation et amorce une conversation continue avec toutes les parties prenantes d’un projet en considérant les besoins et les intérêts de chacun.

C’est un chemin qui profile lui-même sa destination, un pas à la fois. La dynamique d’ensemble, le hasard des rencontres, l’émergence spontanée d’occasions pourront modifier sa trajectoire, mais son but demeurera le même : redonner des pouvoirs à une population, non seulement pour qu’elle s’implique davantage dans les processus décisionnels, mais de manière à ce qu’elle accomplisse elle-même les gestes qui amélioreront son mieux-être. Plus le projet sera mobilisateur et suscitera l’adhésion de la communauté, plus les activités de concertation feront ressortir des pistes que nul n’aurait envisagées.

Par sa méthode de travail collaboratif, la concertation aide à construire une vision, des objectifs et un plan d’action communs par l’entremise du dialogue et de la conversation. Elle permet de préciser des questionnements et de trouver collectivement des réponses qui seront portées et défendues par l’ensemble des personnes engagées dans le processus. Elle favorise les relations égalitaires et implique l’ouverture à l’autre et le respect de son identité. Elle reconnaît la légitimité de sa participation et son pouvoir d’influence et de décision.

L’esprit de collaboration colore toutes les étapes d’une véritable concertation. Il se manifeste dès le premier contact et se déploie tout au long des activités de réalisation et de validation. Il se renforce par des stratégies simples de communication et de circulation de l’information. Il se célèbre dans la réussite d’un projet et le désir mutuel de prolonger la conversation.

Développer ses habiletés

Un projet de concertation est un voyage, l’exploration de paysages inconnus, la découverte de nouveaux visages. Le chemin que l’on emprunte compte tout autant que la destination que l’on cherche à atteindre. Il y a parfois des déviations, des moments de pause et des rencontres marquantes qui incitent à prolonger le séjour. Mais il faut d’abord se mettre en route, quitter le confort de ses certitudes, s’adapter, et cela ne se fait pas toujours sans effort.

Il n’est pas facile de modifier du tout au tout ses manières de fonctionner, mais c’est en tentant d’aller le plus loin possible dans une nouvelle direction que, lentement, on acquiert des habiletés qui permettent de changer de cap.

On en vient à développer des réflexes, à reconnaître les occasions qui se présentent, à surmonter les difficultés. On met à l’essai des outils, dont on apprend l’usage et l’efficacité. On tire des leçons de ses erreurs et on se réjouit de ses avancées. On adopte une approche basée sur l’égalité, l’ouverture, l’écoute et le respect. On privilégie l’interaction, le dialogue et la rencontre des idées. On fait preuve de disponibilité, de souplesse et de diplomatie. On manifeste un intérêt marqué pour l’autre et le désir sincère d’être ensemble dans un projet rassembleur.

En recherche autochtone, tous ces apprentissages favorisent l’ancrage d’une démarche participative. Ils permettent de s’immerger dans l’univers culturel et le contexte particulier d’une communauté, et de valoriser ses ressources dans une perspective de formation et de développement.

Pour y parvenir, on s’assure de la diversité des personnes participantes et on soutient l’esprit d’initiative. On nourrit le sentiment d’appartenance au projet et on encourage l’implication. On rassemble différentes expertises et on stimule l’expression de témoignages pour parvenir à dégager une vision globale en faisant entendre plusieurs voix.

On tient compte des particularités propres aux hommes et aux femmes. On facilite les rencontres intergénérationnelles. On accorde de l’importance à l’intégration des jeunes et on accueille la contribution des aînés dans le respect des coutumes et des traditions. On démontre une sensibilité à l’historique d’oppression d’une communauté.

On souscrit à la prise de décision collective. On développe des moyens de communication et de mise en relation. On prend soin de dialoguer avec les structures de gouvernance. On se rend jusqu’au bout de la démarche de concertation, ce qui implique d’en évaluer les résultats en tenant compte du contexte.

Dialoguer

De son amorce à son point final, une démarche collaborative est un dialogue qui se construit d’égal à égal par la conversation.

La conversation développe et consolide les relations interpersonnelles. C’est une expérience de convivialité, une occasion d’échanger de l’information et des points de vue, une fenêtre ouverte sur de nouveaux savoirs. De fil en aiguille, de personne à personne, d’une rencontre à l’autre, chaque partenaire apprend à connaître ce qui lui était jusqu’alors inconnu, à condition de prêter une oreille attentive à la parole de l’autre.

Écouter pour mieux comprendre, comprendre pour mieux transmettre. C’est le point de départ et d’arrivée d’un véritable dialogue et d’une concertation réussie.

Collaborer

S’engager dans une démarche participative, c’est contribuer à la création collective d’une tapisserie dans laquelle la qualité des fils, l’agencement des couleurs et la précision du tissage sont réunis en un tout cohérent et significatif.

Pour parvenir à ce résultat, l’esprit de collaboration doit être sincère et présent à toutes les étapes du processus. L’apport de chacune des parties doit être respecté et mis en valeur. Chaque personne doit pouvoir se reconnaître dans la démarche et en tirer satisfaction et fierté.

Travailler ensemble est un apprentissage qui requiert du temps et de la persévérance. D’un projet à l’autre, l’expérience devient de plus en plus enrichissante, pour les individus et les communautés, et les tapisseries n’en sont que plus belles et plus solides!

S'adapter au contexte

Une démarche collaborative trouve son ancrage dans la communauté. Elle se construit dans un environnement qui lui est propre et dont il faut tenir compte.

Il n’existe jamais une seule raison pour concevoir un projet ni une seule manière de le mettre en œuvre. Chaque situation génère une gamme de possibilités, et il faut demeurer à l’écoute pour les découvrir.

En toutes choses, il faut faire l’effort de comprendre les particularités de la culture de l’autre, ne pas imposer ses valeurs personnelles et ses points de vue, respecter les habitudes et les traditions, tenir compte des manières d’être et d’agir des hommes et des femmes, des jeunes et des aînés, faire preuve de flexibilité dans le choix des méthodes de travail et des activités.

Tout est question de sensibilité et d’adaptation au contexte, conditions de mobilisation et de pertinence.