Les champs d'action

Nourrir la connaissance

Les situations de la vie sont nombreuses et souvent complexes. Ce qui semble apparent au premier coup d’œil peut parfois se révéler différent au second regard. Voir ne suffit pas; il faut comprendre. « Le monde est composé d’une multiplicité de points de vue », comme l’écrivait l’anthropologue brésilien Eduardo Viveiros de Castro. Pour saisir pleinement une réalité, il convient de l’aborder sous plusieurs angles.

Les projets de recherche soutenus par la Chaire UNESCO proviennent de multiples champs de savoir et d’expertise. Ils manifestent notamment de l’intérêt, mais non exclusivement, pour l’éducation, le mieux-être et la culture. Ils accompagnent les communautés dans leur désir de :

  • proposer un enseignement culturellement signifiant;
  • suivre la voie des ancêtres sur le chemin du mieux-être;
  • promouvoir la culture.

Proposer un enseignement culturellement signifiant

Tout ne s’apprend pas dans les livres. Pour les Premiers Peuples, la nature est une bibliothèque et le territoire, une encyclopédie. Chaque espèce animale est une collection d’ouvrages; chaque coutume est une page d’histoire. La communauté est une école et la maison, une classe où se partagent, de génération en génération, des savoirs et des savoir-faire, des pratiques et des représentations acquises par l’observation et l’expérience.

Dans cet esprit, les projets de recherche soutenus par la Chaire UNESCO favorisent l’accompagnement des jeunes sur le chemin de la réussite scolaire en leur proposant un enseignement culturellement signifiant. Ils visent notamment à :

  • engager un dialogue constructif entre alliés autochtones et allochtones des milieux éducatif et culturel;
  • documenter les savoirs des Premiers Peuples pour les intégrer, lorsque désiré, dans les programmes scolaires;
  • cocréer, expérimenter et valider des outils didactiques porteurs d’histoire et de culture;
  • inclure les modes d’apprentissage autochtones dans le système d’éducation québécois;
  • participer au développement de l’identité des jeunes par la connaissance de leur patrimoine vivant.

Suivre la voie des ancêtres sur le chemin du mieux-être

Chez les Premiers Peuples, l’équilibre et l’harmonie sont au centre d’un mouvement où s’animent et se complètent le cœur et le corps, l’esprit et la raison. L’existence est un cercle où se succèdent les saisons de la terre et les âges de la vie, le lever du soleil et son coucher. Les autochtones inscrivent cette vision du monde dans la roue de médecine. Leur approche des événements est holistique. Nulle situation ne dépend d’un seul facteur; nulle solution, d’un unique remède.

La famille, l’éducation, l’emploi ou le mode d’habitation jouent un rôle déterminant dans le développement ou le maintien de la santé et du mieux-être des individus et des communautés. L’adhésion aux valeurs traditionnelles aussi. Selon divers auteurs, elle renforce la capacité de résilience, accélère la guérison et prévient les difficultés. Elle nourrit le sentiment d’avoir une « bonne vie » marquée par des relations interpersonnelles positives et une solide connaissance de soi.

Sur la rivière menant au mieux-être, les rapides sont parfois tumultueux, les portages sont nombreux, mais l’entraide permet de poursuivre le voyage. À ce chapitre, les ancêtres ont montré la voie.

Dans une perspective de transmission culturelle, les projets de recherche soutenus par la Chaire UNESCO visent particulièrement à :

  • mieux comprendre les facteurs associés au mieux-être du point de vue de l’expérience autochtone;
  • reconnaître les meilleures pratiques de santé arrimées aux coutumes et aux traditions des Premières Nations et des Inuit;
  • concevoir des lieux de traitement de la personne malade ou en difficulté qui tiennent compte de l’incidence de la proximité des familles dans le travail de guérison;
  • adopter une approche culturellement signifiante pour répondre aux problèmes de consommation et de suicide;
  • développer des façons d’utiliser le territoire dans le rétablissement de l’âme et du corps.

Promouvoir la culture

La culture est un moteur de développement et une source de fierté pour la population qui la génère. Mère de la réflexion et sœur de l’action, elle joue un rôle déterminant dans la démarche d’émancipation des peuples en recherche de repères et de pouvoir sur leur vie. Elle leur offre la possibilité de créer leurs propres outils de représentation. À la fois miroir et fenêtre, elle accomplit un travail de fondation qui favorise l’épanouissement. Par l’entremise de l’expression culturelle, une communauté réalise son autoportrait par lequel elle peut s’identifier et permettre aux autres de la connaître comme elle se reconnaît.

La culture d’une nation est ancrée dans un territoire. Pour la saisir dans toutes ses dimensions et ses complexités, il faut se déplacer, partager des moments de vie et des activités sur le terrain. Plus un projet se déploie en harmonie avec le milieu, plus il est lié aux problématiques vécues ou perçues par les personnes et les groupes qui y participent, plus il a de chances de générer des retombées positives.

La culture est un levier puissant. Amorcer le mouvement, c’est déjà le décupler. Dans cette optique, les recherches soutenues par la Chaire UNESCO s'efforcent de :

  • valoriser la culture sous toutes ses formes, de la connaissance du territoire à la dimension pédagogique des contes, de la création artistique à la médecine des plantes;
  • affirmer son importance dans l’actualisation du désir d’autonomie des communautés et des nations;
  • tirer parti de son potentiel affectif et expressif pour en faire le socle sur lequel peut s’appuyer toute démarche identitaire;
  • concevoir des dispositifs de transmission du patrimoine matériel et immatériel.