Se développer et durer

 
 
 

André Mowatt
Anishinabe
Pikogan

Extraits du film «Indian Time» (2016) de Carl Morasse, produit par La BRV.

 
 

Dans son livre Le Principe responsabilité, paru en 1979, l’historien et philosophe allemand Hans Jonas invite à penser l’éthique à l’aune de la nature dans une vision holistique. Il écrit : « Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d’une vie authentiquement humaine sur Terre ». Cette proposition formule un élément essentiel des enseignements autochtones millénaires : le respect de la vie dans toutes ses manifestations.

En 1987, la Commission mondiale sur l’environnement et le développement de l’Organisation des Nations Unies (ONU) publie un document intitulé Notre avenir à tous, mieux connu sous le nom de Rapport Brundtland. On y définit le développement durable comme un mode de développement qui répond aux besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. On indique qu’il repose sur trois piliers : la croissance économique, l’inclusion sociale et l’équilibre environnemental.

Depuis, diverses organisations ont suggéré d’ajouter la dimension culturelle à cette définition, en raison de son rôle capital dans la construction de l’identité d’un peuple. Dans l’objectif d’atteindre un développement durable, inclusif et équitable, elles invitent à considérer la culture comme composante transversale indissociable des trois piliers initiaux en ajoutant à leurs préoccupations la préservation du patrimoine matériel et immatériel, la défense de la diversité des populations, la promotion d’une éducation de qualité et la valorisation de la capacité créative des jeunes.

Si le développement durable est un enjeu global, sa mise en œuvre demeure toutefois locale. Elle repose sur l’aptitude des collectivités à définir leur avenir et à lui donner forme. Dans un contexte de recherche autochtone, cela se traduit par une démarche de concertation qui assure aux membres des Premiers Peuples un accès effectif à la gouvernance des projets et un rôle majeur dans leur actualisation. La formation d’équipes interculturelles confirme cette volonté. Toutes les interventions des chercheurs sont donc réalisées avec, par et pour les communautés, qui deviennent ainsi les artisanes de leur mieux-être.